De plus en plus de sportifs dénoncent les injures haineuses, racistes ou sexistes dont ils sont la cible sur les réseaux sociaux et n’hésitent plus à entamer des poursuites judiciaires.
La frustration des huis clos ou des jauges dans les stades en temps de coronavirus n’explique pas tout. Les injures sur les réseaux sociaux sont devenues une norme et visent tout le monde. Même les personnalités. Surtout les personnalités. Le monde du sport n’y échappe pas et semble amorcer un léger virage sur le sujet en révélant publiquement les abus vécus dans « l’intimité » des messages privés ou derrière un pseudonyme. Gaël Monfils a déjà diffusé les messages haineux reçus par des parieurs déçus après une défaite.
Nacer Bouhanni, lui, a décidé d’aller plus loin. Critiqué pour un sprint dangereux sur la classique Cholet-Pays de la Loire, le sprinteur est submergé par un flot d’insultes racistes. En plus de les révéler, il a décidé de porter plainte pour dénoncer un « harcèlement ». Le coureur en fait même des insomnies. « Je ne suis quand même pas le seul à voir ce qui se passe sur les réseaux sociaux, interroge-t-il dans L’Equipe, ce mardi. Pourquoi personne ne fait rien quand ce genre de personnes immondes m’envoient en permanence des ‘cochon’ ou des ‘terroriste’, ‘retourne dans ton pays sale maghrébin’? »
Aucun sport ne semble épargné par le cyberharcèlement. Sport le plus suivi au monde, le foot est en première ligne. Imran Louza, milieu de terrain de Nantes, ne compte plus les messages racistes au cœur d’une saison très compliquée pour les Canaris. Les stars en sont aussi la cible comme Antoine Griezmann, dont le frère Théo, a lancé un appel un calme après une série de tweets nauséabonds. Appelé à suppléer Alessandro Florenzi face au Bayern mercredi, Thilo Kehrer se retrouve pris dans un torrent d’insultes face aux craintes de certains supporters parisiens sur son niveau de jeu. Et les exemples sont nombreux: Anthony Martial, Reece James, Fred…
La démesure des propos et des attaques est aussi frappante que la léthargie des réseaux sociaux pour les contrer. En 2020, Twitter avait été attaqué pour son inaction dans la modération. En décembre dernier, la plateforme a annoncé des mesures plus fortes en proposant d’exclure « les messages qui déshumanisent les gens selon des critères de race, d’ethnicité ou d’origine nationale ». Le réseau au petit oiseau bleu a frappé fort en janvier en supprimant le compte de l’ancien président des Etats-Unis, Donald Trump. En février, Instagram a annoncé un renforcement des règles et des sanctions concernant les discours de haine dans les messages directs.
Malgré cela, les harceleurs jouissent toujours d’une grande impunité et peuvent toujours se créer des comptes sous d’autres identités. C’est ce qu’a voulu dénoncer Thierry Henry, ancienne star d’Arsenal, en se retirant de tous les réseaux sociaux. Son ancien club – et ses 17 millions de followers sur Twitter – s’est dit prêt à l’imiter,
« Les choses que j’entendais dans les stades et dans les rues se retrouvent de plus en plus dans les médias sociaux, en particulier dans ma communauté, et le sport que j’aime le plus, le football, a-t-il expliqué sur la BBC. Je pensais qu’il était temps de prendre position et de faire comprendre aux gens qu’il n’est pas acceptable d’être victime d’abus en ligne, que ce n’est pas acceptable d’être victime d’intimidation ou de harcèlement en ligne. L’impact que cela peut avoir sur votre santé mentale est incomparable, nous savons que les gens se suicident à cause de cela. Trop, c’est trop. Nous avons besoin de mesures. Il est parfois trop facile d’obtenir un compte et de s’en tirer. »
Même si le flot d’injures est incessant, passer par la case justice apparaît comme le moyen le plus redoutable de calmer les harceleurs. Après la diffusion du documentaire « je ne suis pas une salope, je suis une journaliste », Vanessa Lemoigne, journaliste sur beIN Sports, avait confié porter plainte automatiquement après des insultes.
Fin mars, cinq étudiants étaient jugés à Paris pour avoir participé à une campagne haineuse contre la communauté asiatique. Un stage de citoyenneté a été requis par le tribunal qui rendra sa décision le 26 mai. Ils encouraient jusqu’à cinq ans de prison. Si cela peut faire réfléchir.
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