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Canada: le procureur balaie les accusations d’une cadre de Huawei

Le procureur du Canada a balayé vendredi les accusations d’une cadre de Huawei pour qui la justice américaine n’avait pas compétence à demander son extradition: ce point devra être tranché aux Etats-Unis si elle y est finalement jugée, selon lui.

Lors des trois derniers jours d’audiences devant la cour suprême de Colombie-Britannique, la défense de Meng Wanzhou a plaidé que les crimes que lui reproche la justice américaine ont été commis à Hong Kong, par une ressortissante chinoise, et ne concernaient pas directement les Etats-Unis.

Cette affaire ne relevait donc pas à leurs yeux de la juridiction américaine, et le Canada violerait le droit international s’il extradait Mme Meng vers son voisin, ont-ils fait valoir.

Les Etats-Unis accusent la directrice financière du géant chinois des télécoms d’avoir menti à un cadre de la banque HSBC, lors d’une rencontre à Hong Kong en 2013, sur les liens entre Huawei et une filiale qui vendait des équipements à l’Iran, exposant l’établissement à des sanctions américaines.

« Les mensonges » de Mme Meng « dans un salon de thé ont eu une conséquence: faire courir un risque juridique (à une banque) aux Etats-Unis, ce qui donne à cet Etat la possibilité de poursuivre en justice », a argué le représentant du procureur canadien Robert Frater.

La directrice financière de Huawei, Menz Wanzhou, quitte son domicile pour se rendre à la cour suprême de Colombie-Britannique, le 22 mars 2021 à Vancouver, au Canada (AFP/Archives - Don MacKinnon)

La directrice financière de Huawei, Menz Wanzhou, quitte son domicile pour se rendre à la cour suprême de Colombie-Britannique, le 22 mars 2021 à Vancouver, au Canada (AFP/Archives – Don MacKinnon)

Quant aux questions de juridiction soulevées par la défense, « ce n’est pas à vous » de trancher cette question, a-t-il dit à l’adresse de la juge canadienne qui dirige les audiences d’extradition.

Le ministre canadien de la Justice, qui a le dernier mot en matière d’extradition, doit d’abord se prononcer.

S’il valide une éventuelle extradition, alors la question soulevée par les avocats de Mme Meng « ne peut être correctement instruite que par un juge américain lors d’un procès », a-t-il affirmé, dénonçant les arguments de la défense « dont les failles sont si larges et si profondes que je sais à peine par où commencer ».

La défense de Mme Meng a pour la première fois reconnu cette semaine que le Canada, lié par un traité d’extradition avec les Etats-Unis, n’avait d’autre choix que de l’arrêter fin 2018, ce que n’a jamais concédé Pékin. La fille du fondateur de Huawei vit depuis en résidence surveillée dans sa luxueuse propriété de Vancouver.

« Ce que nous disons maintenant, c’est qu’il a été montré que cette détention est en fait illégale (parce que) elle se fonde sur une demande d’extradition illégale », a plaidé l’avocat Gib van Ert.

Les audiences d’extradition, qui reprendront le 26 avril, doivent se terminer mi-mai.

L’arrestation de Meng Wanzhou début décembre 2018 à l’aéroport de Vancouver, suivie quelques jours plus tard en Chine par celle de deux Canadiens accusés d’espionnage et récemment jugés, a provoqué une grave crise diplomatique entre Pékin et Ottawa.

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