France World

Au Royaume-Uni, des ogives et des doutes

https://img.lemde.fr/2021/04/01/291/0/3500/1750/1440/720/60/0/129ce95_fw1-britain-greensill-liberty-0401-1b.JPG

Le premier ministre britannique, Boris Johnson, le 1er avril, lors d’une conférence de presse, à Londres. Le premier ministre britannique, Boris Johnson, le 1er avril, lors d’une conférence de presse, à Londres.

C’est un retournement qui a pris de court les experts et qui continue de faire couler beaucoup d’encre. Deux semaines après l’annonce surprise, le 16 mars, par le Royaume-Uni, de revoir à la hausse son plafond d’ogives nucléaires, les interrogations se multiplient quant aux objectifs réels de cette déclaration, qui concerne l’un des indicateurs-clés de l’arsenal de l’une des principales puissances nucléaires mondiales.

Dans ce domaine aussi sensible et classifié qu’est la dissuasion, les interprétations relèvent de savants recoupements. Or, en ces temps de tensions internationales et de redéfinition de la compétition stratégique, cette annonce du Royaume-Uni est venue rendre l’exercice encore plus délicat.

Avant le 16 mars, une seule chose était sûre : le Royaume-Uni, l’unique pays à avoir limité son système de dissuasion à une seule « composante », en l’occurrence maritime, était engagé dans un programme de remplacement, à la fois de ses sous-marins nucléaires et de son stock d’ogives vieillissantes – la durée de vie de ces dernières ne pouvant excéder 2030.

Personne ne s’attendait toutefois à ce que ce remplacement se retrouve couplé avec une possible hausse du stock d’ogives. Le coût de ce programme, maintenu secret, n’y est sans doute pas pour rien. Le flou est d’ailleurs entretenu sur ce qu’il recouvre. Seule certitude : outre-Manche, la dissuasion représente environ 6 % du budget annuel de la défense, lui-même doté de 40 milliards de livres sterling (46,7 milliards d’euros) en 2020-2021.

Politique, diplomatie, stratégie

Dans ce contexte, depuis le 16 mars, les analyses divergent sur ce qui a bien pu inciter le premier ministre britannique, Boris Johnson, à se lancer dans une telle posture, à rebours de tous les engagements pris par le Royaume-Uni ces dernières années. Trois grandes explications tiennent la corde.

L’exécutif ne s’engage à rien, si ce n’est à montrer les muscles pour maintenir « crédible » sa dissuasion

La première est politique. Pour certains observateurs, M. Johnson n’a fait qu’agiter un écran de fumée. En indiquant vouloir rehausser le plafond actuel d’ogives de « moins de 225 têtes » à « moins de 260 », l’exécutif ne s’engage à rien, si ce n’est à montrer les muscles pour maintenir « crédible » sa dissuasion. Aujourd’hui, le nombre réel de têtes nucléaires anglaises est estimé à 195. Cette formulation alambiquée laisserait même le champ libre à une éventuelle réduction du stock.

Il vous reste 64.22% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Au Royaume-Uni, des ogives et des doutes est apparu en premier sur zimo news.