La fermeture des établissements scolaires, redoutée par les entreprises et annoncée mercredi soir par Emmanuel Macron, va de nouveau perturber l’activité économique durant les prochaines semaines, même si les vacances scolaires devraient en réduire l’impact.
Pour faire face à la nouvelle envolée de l’épidémie, le président de la République a annoncé mercredi la fermeture des crèches, écoles, collèges et lycées pendant trois à quatre semaines.
Pour des millions de parents, cela veut dire davantage de télétravail, ou le chômage partiel pour s’occuper des enfants durant la journée.
La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s’est alarmée jeudi des « problèmes » engendrés dans les petites et moyennes entreprises par cette décision qui « risque de désorganiser l’activité », à un moment où leur productivité est déjà affectée par le télétravail.
L’an dernier, au moment du premier confinement, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) avait évalué qu’environ 1,2 million d’emplois étaient susceptibles d’être touchés par la fermeture des écoles. Cela concerne les parents, en couple ou seuls, qui ne peuvent pas télétravailler et doivent donc cesser leur activité pour garder leurs enfants.
En novembre, sans fermeture des établissements scolaires, « nous avions enregistré une perte d’activité de 8%, là l’impact sera plus sévère, autour de -10% d’activité », estime Selin Ozyurt, économiste chez Euler Hermes.
En avril 2020, le confinement strict avait fait chuter l’activité de 30%, et la fermeture des écoles y avait contribué à hauteur de 6 points, selon les évaluations de l’OFCE.
Mais cette fois « tout a été calibré pour que les vacances soient au milieu de tout ça et que l’impact sur le travail soit le plus limité possible, même s’il n’est pas négligeable », nuance Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.
Le problème de la garde d’enfant existe davantage pour les plus jeunes, avant leur entrée au collège. En ce sens, « ce n’est pas un hasard si au final les crèches, maternelles et primaires ferment une semaine seulement », explique-t-il à l’AFP. Car après deux semaines de vacances, elles rouvriront le 26 avril, une semaine avant les collèges et lycées.
Ainsi, le recours au chômage partiel devrait augmenter, « passant de 1,3 million d’équivalent temps plein à 2,5 millions en avril », mais il avait atteint 5,6 millions en avril 2020, estime Selin Ozyurt.
– Les commerces souffrent –
Outre la fermeture des écoles, celle des commerces dits non essentiels alimentera ce recours à l’activité partielle.
D’ailleurs, pour Mathieu Plane, l’effet de la généralisation de leur fermeture à tout le territoire « sera sans doute plus important que la fermeture des écoles » sur l’activité économique.
Cette généralisation devrait représenter une perte d’activité d’environ 4% en avril, selon lui. Elle s’ajoute au manque à gagner subi ces deux dernières semaines par les commerces situés dans les 19 départements aux restrictions déjà renforcées.
« On va avoir forcément un effet assez négatif sur la consommation des ménages en avril, même si on n’aura pas une chute de 20% comme en avril 2020, car les commerces se sont adaptés, par exemple avec le click & collect », prédit Philippe Waechter, chef économiste à Ostrum Asset Management.
« Si le PIB est a peu près maintenu au premier trimestre, on va avoir un deuxième trimestre un peu plus fragile », estime-t-il.
Il dépendra notamment de la capacité du gouvernement à atteindre les objectifs de vaccination et de réouverture progressive des lieux de culture, de sport, et des cafés et restaurants à partir de la mi-mai, annoncés par Emmanuel Macron mercredi.
Pour l’année 2021, « la croissance risque plutôt d’être autour de 5% que de 6% » comme attendu par le gouvernement, estime Mathieu Plane. Euler Hermes maintient à ce stade sa prévision d’un rebond du PIB de 5,4%, Selin Ozyurt jugeant possible de rattraper « tout ou partie des pertes » d’avril si la reprise est au rendez-vous.
« Si ces restrictions supplémentaires ne durent pas au-delà de début mai, elles ne devraient pas conduire à une révision très significative de notre prévision annuelle » de 5,5%, a indiqué jeudi le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, lors d’une visite à l’incubateur de start-up Station F.
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