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Tribune. Le monde est plongé dans une crise sanitaire d’une extrême gravité. Face à cette pandémie, l’Europe doit être pour les Européens un filet de sécurité, un fer de lance pour une politique de santé communautarisée. Malgré certaines avancées comme le plan de relance européen et les commandes de vaccins, elle échoue pour l’essentiel : en Europe, il n’y a toujours pas de coordination des stratégies sanitaires nationales. Un imbroglio extraordinaire règne, notamment concernant la mobilité des biens et des personnes. La situation la plus douloureuse concerne les habitants des zones frontalières qui, du jour au lendemain, ont vu réapparaître des frontières intérieures.
Pourquoi cette dérive ? L’exemple franco-allemand est révélateur à bien des égards.
Un an après le début de cette crise, Paris et Berlin ne se comprennent toujours pas et ne parlent toujours pas la même langue. Cela commence par les critères de test qui permettent de mesurer la gravité de la situation.
Tests payants ou gratuits, selon le pays
Pour les Allemands, les données sanitaires qui dictent les décisions prises par la chancelière et les 16 ministres-présidents des Länder tiennent uniquement compte des tests PCR réalisés. Dans la plupart des cas, ils sont payants. L’Allemagne teste donc relativement peu. La France teste nettement plus, notamment parce que les tests sont gratuits. Les données sanitaires nationales tiennent compte des tests PCR et des tests antigéniques. La base d’analyse des données sanitaires y est donc beaucoup plus objective.
Pour finir, l’Allemagne séquence 10 % des tests positifs au niveau fédéral pour chercher les variants, là où le Grand-Est en séquence 70 %. Dans ces conditions, il est évident que le nombre de cas décelés est beaucoup plus élevé en France, sans que cela ne reflète la situation réelle.
Alors que tous les voisins de l’Allemagne tremblent à l’approche des annonces du Robert-Koch Institut (RKI), la vigie allemande de la crise sanitaire, on peut légitimement s’interroger sur le bien-fondé du regard que porte Berlin sur ses voisins. On pourrait également y voir le témoignage d’un manque de confiance.
Des critères de mesure différents entraînent logiquement des stratégies sanitaires différentes. Alors que l’Allemagne passe aux yeux de l’opinion française comme étant plus rigoureuse et que les hésitations de Paris à reconfiner lui donnent l’impression d’errements, la réalité n’est pas aussi nette. On peut déplorer des différences aussi importantes pour deux pays voisins.
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