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Le but de l’opération Turquoise au Rwanda était-il militaire ou humanitaire ? « Si elle commence avec des consignes très strictes de neutralité vis-à-vis des belligérants, la première source de menace qui est identifiée est néanmoins celle que constituerait le Front patriotique rwandais » (FPR, composé en majorité de Tutsi venus d’Ouganda), peut-on lire en conclusion du rapport Duclert sur le rôle de la France au Rwanda (1990-1993) qui a été remis à Emmanuel Macron vendredi 26 mars : « Elle a permis de sauver de nombreuses vies, mais non celles de la très grande majorité des Tutsi exterminés dès les premières semaines du génocide. La recherche établit donc un ensemble de responsabilités, lourdes et accablantes. »
Officier de la Force d’action rapide détaché au sein d’une unité de la Légion étrangère, Guillaume Ancel a participé à l’opération Turquoise menée par la France à partir du 22 juin 1994 sous mandat de l’ONU. Depuis plusieurs années – et notamment dans son livre Rwanda, la fin du silence. Témoignage d’un officier français (Les Belles Lettres, 2018) –, il dénonce le rôle de Turquoise. Après avoir quitté l’armée avec le grade de lieutenant-colonel, Guillaume Ancel travaille aujourd’hui dans le privé.
Quel est votre sentiment après avoir lu le rapport de la commission Duclert ?
Je suis ému. On a enfin de la lumière après un long tunnel de vingt-sept années de déni et de mensonges. On le doit d’abord à la détermination de journalistes, de chercheurs, d’historiens et de juristes qui ne se sont pas laissés imposer une raison d’Etat lorsque celui-ci a failli. Je tiens aussi à saluer la détermination d’Emmanuel Macron, qui a eu le courage de faire éclore cette vérité. C’est maintenant la fin du silence.
Cette vérité, c’est que ce génocide des Tutsi qui a fait un million de morts a été commis par les alliés de la France. La vérité, c’est aussi qu’il s’agit du seul génocide que nous aurions pu empêcher. La vérité, c’est enfin que ce soutien dont ont bénéficié les génocidaires a été piloté par François Mitterrand et son cercle, dont faisait partie Hubert Védrine, alors secrétaire général de l’Elysée. En prouvant la responsabilité accablante de cet état-major particulier, la commission marque une étape décisive dans la connaissance publique de ce désastre français qui ne pouvait rester enterré plus longtemps.
Ce cercle élyséen a menti en inventant, par exemple, la thèse du deuxième génocide afin d’atténuer sa responsabilité dans le premier. Quand j’écoute Hubert Védrine dire qu’il a « parfaitement agi » et qu’il referait « la même chose politique », j’ai honte de son indécence.
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