https://img.lemde.fr/2021/03/22/616/0/1200/600/1440/720/60/0/6a3496f_97813-3213652.jpg
ReportageA Sheffield, le campus est désert et les amphithéâtres sont silencieux. Entre la pandémie, les effets du Brexit et le retrait du Royaume-Uni du système d’échanges Erasmus, Sheffield et ses concurrentes traversent une période de crise sans précédent.
Volubile et disponible, la jeune étudiante profite de sa seule sortie quotidienne permise pendant ce confinement anglais qui n’en finit plus. à Sheffield, au centre-est du pays, Orla Katz Webb-Lamb, 20 ans, chevelure ondulée et joues rondes, nous attend près de son pavillon propret, partagé avec d’autres étudiants. Une location auprès de particuliers, « bien moins chère que les chambres à l’université ». Cet après-midi de fin février, Orla est ravie de marcher. « A Londres, je faisais du jogging, ici c’est trop dur, ça grimpe beaucoup », souffle-t-elle. L’ex-capitale de l’acier britannique a en effet des airs de métropole montagnarde, avec ses immeubles posés à flanc de collines sacrément pentues.
A quelques minutes de son logement, Orla commence la visite du campus. Une collection étonnante et disparate de bâtiments, quelques façades de la fin du XIXe siècle, beaucoup de laboratoires flambant neufs, le tout dominé par l’écrasante Arts Tower, construite en 1966.
Etudiante en politique, français et espagnol, elle confie rapidement ses angoisses. Après une année de cours à distance (qui reprendront peut-être en présentiel après Pâques, mais rien n’est sûr), elle s’inquiète de son niveau : « Je ne pratique pas assez le français, les cours en ligne ne remplacent pas du tout les conversations. » Elle redoute aussi d’être confrontée, une fois diplômée, à un marché de l’emploi bien plus dur.
Pourtant, Orla a choisi cette ville pour l’excellence de son université. Sheffield University s’affiche au seizième rang des campus les plus réputés du Royaume-Uni en 2021, selon le classement QS World University. Elle est bien sûr moins renommée que Cambrige, Oxford ou l’Imperial College de Londres, mais, avec près de 30 000 étudiants et six prix Nobel, cette « université en brique rouge », fondée au début du XXe siècle, fait partie du prestigieux Russell Group, un réseau d’une vingtaine d’universités britanniques reconnues pour leur recherche scientifique.
Un programme de substitution, le Turing Scheme
Gérées comme des entreprises privées même si elles ont le statut d’associations caritatives, ces institutions se sont internationalisées ces dix dernières années, depuis que l’Etat britannique a presque cessé de financer l’enseignement supérieur.
L’essentiel de leurs revenus provient des frais de scolarité et des donations. Les campus du Russell Group comptent 34 % d’étudiants étrangers, qui injectent 10 milliards de livres (11,7 milliards d’euros) par an dans l’économie du pays. Mais, sous l’effet conjugué du Covid-19, du Brexit et de l’abandon d’Erasmus par le gouvernement du conservateur Boris Johnson, ces établissements prestigieux et opulents sont entrés dans une zone inédite de turbulences.
Il vous reste 81.02% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article Au Royaume-Uni, des universités au bord du vide est apparu en premier sur zimo news.