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Un procès, intenté contre l’Etat néerlandais par quatre citoyens afghans, s’est ouvert, lundi 29 mars devant le tribunal de La Haye. Ils exigent des indemnités pour ce qu’ils décrivent comme une bavure tragique survenue, en juin 2007, lors de l’attaque de leur village, Qala-e-Rag, dans la province d’Oruzgan (dans le centre du pays). Ils ont perdu des proches dans un bombardement des forces néerlandaises, membre de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), la coalition dirigée par l’OTAN qui opérait depuis 2001. Un bilan, toujours imprécis aujourd’hui, fait état de 50 à 90 morts civils et d’une centaine de blessés.
Quelque 1 400 militaires néerlandais étaient présents depuis août 2006 en Afghanistan. Une décision prise, difficilement, par le gouvernement que dirigeait, à l’époque, le chrétien-démocrate Jan Peter Balkenende, à la tête d’une coalition de centre droit. La « Task Force Uruzgan » (force opérationnelle Oruzgan) était censée participer à la reconstruction du pays mais aussi protéger notamment la vallée de Chora, jugée stratégique pour éviter la prise de la capitale provinciale, Tarin Kot, par la guérilla.
La tension était forte et, le 15 juin, une attaque suicide tuait des civils et un soldat néerlandais. Il est apparu, après coup, que le kamikaze ne visait pas des militaires, mais une réunion de femmes. Le lendemain, les forces américaines prévenaient, sur la base des informations fournies par un drone, que plusieurs des dizaines de talibans étaient présents dans la région. Des postes de la police étaient attaqués et les rebelles s’emparaient de quartiers résidentiels.
Le traumatisme de Srebrenica
L’armée néerlandaise engageait alors son infanterie et six avions F-16 dans ce qui allait être une bataille de quatre jours, la plus importante de son histoire depuis la guerre de Corée, en 1950. Estimant que la situation se dégradait rapidement et que de 800 à 1 000 combattants étaient désormais sur le pied de guerre, le commandant Hans van Griensven avait donné l’ordre d’une offensive supposée, aussi, protéger les populations civiles.
L’état-major néerlandais était encore traumatisé par les événements de Srebrenica, en Bosnie, en 1995. Le bataillon Dutchbat des casques bleus onusiens n’avait, à l’époque, rien fait pour s’opposer au massacre de quelque 8 000 personnes par l’armée de la République serbe de Bosnie. Cet épisode, qualifié officiellement de génocide depuis, a représenté un choc pour les Néerlandais, dont le pays a été jugé partiellement responsable de la mort de ces civils. En 2013, la Cour suprême des Pays-Bas confirmait la responsabilité de l’Etat dans la mort de musulmans bosniaques.
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