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La crise fait s’envoler la dette et le déficit français à des niveaux records en 2020

La crise sanitaire et économique a sans surprise fait s’envoler la dette française l’an dernier à 115,7% du PIB, tandis que le déficit public s’est creusé à niveau inédit depuis 1949, l’Etat ayant dépensé sans compter pour soutenir l’économie face aux restrictions sanitaires.

Résultat de la doctrine du « quoi qu’il en coûte » décidée par Emmanuel Macron il y a un an au moment du premier confinement, le déficit public a ainsi atteint 9,2% du produit intérieur brut (PIB), à 211,5 milliards d’euros, a indiqué l’Insee vendredi, dans une première estimation de l’impact de la crise sur les finances publiques.

C’est certes un peu moins qu’attendu par le gouvernement, qui tablait sur un déficit de 11,3% et une dette d’environ 120%, mais ces chiffres sont « historiques », a réagi le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt dans un entretien à l’AFP.

En 2019, avant la crise, la dette s’affichait à 97,6% du PIB et le déficit à 3,1%, selon les chiffres révisés publiés par l’Insee.

« Les 18 points de dette supplémentaires en 2020 sont la traduction de la baisse d’activité de l’économie française et de l’effort de protection considérable de nos salariés et de nos entreprises », a commenté le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, dans une déclaration transmise à la presse.

L’économie a ainsi connu sa récession la plus importante depuis la deuxième guerre mondiale, avec une chute du PIB de 8,2% l’an dernier.

Entre les pertes de recettes engendrées par cette crise, et la hausse des dépenses pour éviter faillites et suppressions d’emplois, la crise a coûté à l’Etat plus de 160 milliards d’euros l’an dernier, selon le gouvernement.

Les dépenses des administrations publiques (Etat, collectivités et Sécurité sociale) ont ainsi bondi de 5,5%, (+73,6 milliards d’euros par rapport à 2019), tirées notamment par la hausse des prestations sociales, des rémunérations dans le secteur hospitalier et les aides débloquées pour les entreprises, a détaillé l’Insee.

En parallèle, le repli de l’activité a creusé le niveau des recettes, qui reculent de 5%, (-63,1 milliards d’euros sur un an), du fait de moindres revenus issus des impôts et des cotisations sociales.

« La progression des dépenses et la contraction des recettes sont plus prononcées qu’en 2009 », au moment de la crise financière, souligne l’Insee. « Les recettes avaient alors diminué de 3% et les dépenses avaient augmenté de 4,1% » pour un déficit de 7,2%, a ajouté l’Institut national de la statistique.

– 32 milliards d’aides d’urgence en 2021 –

Dans le détail, le déficit de l’Etat atteint 182 milliards d’euros, celui de la sécurité sociale 48,3 milliards d’euros, et celui des administrations locales (collectivités, opérateurs publics) s’établit à 4,2 milliards d’euros.

Les organismes divers d’administration centrale (Odac) affichent eux un excédent de 23,1 milliards d’euros, dont la grande majorité est imputable à la reprise de dette de la SNCF Réseau par l’Etat, précise l’Insee.

En ce qui concerne les administrations locales, le déficit s’explique entièrement par celui de divers opérateurs (Ile-de-France Mobilités, Société du Grand Paris, etc.), tandis que les seules collectivités locales sont « à l’équilibre », fait remarquer le ministre des Comptes publics.

Et la situation des finances publiques ne devrait que très légèrement s’améliorer cette année. La persistance de l’épidémie de Covid-19 et des restrictions sanitaires oblige en effet le gouvernement à prolonger les aides d’urgences.

Elles devraient coûter « autour de 32 milliards d’euros », dont « 18 milliards pour le fonds de solidarité, 11 milliards pour l’activité partielle et environ 3,5 à 4 milliards d’euros pour les exonérations de cotisations sociales », a indiqué Olivier Dussopt à l’AFP.

Mais pas de quoi à ce stade réviser les prévisions de dette et déficit, a-t-il ajouté. Le gouvernement table donc toujours sur un déficit ramené à 8,5% du PIB, et une dette qui devrait continuer à augmenter à plus de 122%.

Le gouvernement continue de compter sur une croissance de 6%, Bruno Le Maire misant sur « le fort rebond de notre économie lorsque la crise sanitaire sera derrière nous ». « Quand l’activité économique se sera redressée, nous devrons commencer à rembourser cette dette », a-t-il encore prévenu.

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