https://img.lemde.fr/2021/03/28/97/0/3013/1504/1440/720/60/0/0fc250b_127510091-187483.jpg
C’est entendu, contrairement à Ronald Reagan, Joe Biden n’est pas un « grand communicateur ». Sa première conférence de presse, jeudi 25 mars, a tenu de la formalité à laquelle on se résigne parce qu’on est bien obligé, parce qu’il le faut, parce que c’est comme ça. Au bout d’une heure, alors qu’elle commençait à trouver son rythme de croisière, le président a d’ailleurs lancé : « Bon, les gars, j’y vais, merci ! », et il a tourné les talons.
Au cours des minutes précédentes, Joe Biden avait été le Joe Biden du comédien Dana Carvey, qui imite savoureusement ses tics de langage. Il y avait eu le « Here is the deal » (voilà la situation), l’annonce d’une réponse en plusieurs parties (« number one… ») dans lesquelles il se perd souvent en route, la blague ben-voilà-voilà (« Quand je suis arrivé au Sénat des Etats-Unis, il y a 120 ans… »), et l’incontournable mention de la famille Biden.
Les Américains ont échappé cette fois-ci au père et à la mère, mais pas au voyage de l’arrière grand-père venu d’Irlande. L’ancêtre avait été réquisitionné pour expliquer que les migrants venus d’Amérique centrale ne se pressent pas à la frontière avec le Mexique parce que le président est « un gars sympa », mais parce qu’ils fuient des conditions de vie épouvantables.
Toujours sous-estimé
Une apparence de Biden de toujours, donc, qui sert prodigieusement l’intéressé, parce qu’il est toujours sous-estimé. Cette apparence débonnaire et bienveillante masque pourtant une tentation révolutionnaire chez le plus vieux président des Etats-Unis. Elle a été déjà matérialisée par le gigantesque plan de soutien adopté au début du mois, et elle sera relancée mercredi 31 mars par la présentation d’un projet d’investissements massifs pilotés l’Etat fédéral. Il est dissimulé cette fois-ci sous la formule innocente et vague de plan de modernisation des infrastructures.
L’enjeu est de taille, même s’il faudra attendre des mois et des mois pour savoir si Joe Biden parviendra à ses fins et surtout s’il rencontrera l’adhésion de ses concitoyens. L’addition de ces initiatives peut en effet potentiellement signifier la fin de la révolution conservatrice amorcée en 1957 par le roman d’Ayn Rand, Atlas Shrugged, une critique radicale de l’interventionnisme étatique, qui avait conduit en janvier 1981 Ronald Reagan à décréter que le gouvernement n’était pas « la solution », mais « le problème ». Les démocrates avaient acté leur défaite idéologique en jouant par la suite sur les marges sans remettre en cause ce postulat.
Il vous reste 30.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article Les cent premiers jours de Joe Biden : la tentation révolutionnaire du septuagénaire est apparu en premier sur zimo news.