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Comme souvent en matière de diplomatie, derrière les propos policés couvait la tension. Lors de retrouvailles attendues, les 23 et 24 mars, entre les Etats-Unis et l’OTAN, après une ère Trump mouvementée, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, ont redoublé de précautions oratoires sur la question du retrait des troupes d’Afghanistan. Mais le flou laissé sur leurs agendas respectifs a caché un vif désaccord. Une mésentente que l’Allemagne a décidé de rendre publique, jeudi 25 mars, par la voix de son Parlement, en s’affranchissant du calendrier américain.
Après vingt ans de présence militaire, les Américains comme les dirigeants de l’OTAN savent qu’il est temps de partir même si l’Afghanistan n’a pas retrouvé la paix et que les talibans qu’ils avaient chassés du pouvoir, fin 2001, ne sont pas loin de reprendre les rênes du pays. La discorde porte sur les modalités du départ. Depuis la signature, le 29 février 2020, à Doha, au Qatar, d’un accord de paix exclusif entre les Etats-Unis et les talibans, il est convenu que les troupes américaines doivent quitter l’Afghanistan d’ici au 1er mai. En contrepartie, les insurgés se sont engagés à ne plus attaquer les soldats américains et ceux de l’OTAN et à participer à des négociations de paix interafghanes, aujourd’hui au point mort.
Le souci réside dans le fait que moins de cinq semaines avant cette date butoir, personne ne sait encore si les soldats américains rentreront chez eux. « Nous n’avons pas encore arrêté notre position, je suis venu partager certaines de nos réflexions et consulter les alliés », a assuré M. Blinken lors de son passage à Bruxelles, siège de l’Organisation transatlantique, en dépit des pressions de M. Stoltenberg pour obtenir une réponse. L’agacement de ce dernier tient au fait que sur les 9 600 soldats étrangers encore déployés en Afghanistan, seuls 2 500 sont américains. Les autres, dont 1 500 Allemands, sont originaires d’une vingtaine de pays membres de l’OTAN.
Stratégie de la dernière chance
Ces forces sont toutes tributaires des Etats-Unis, qui ont notamment la haute maîtrise sur l’espace aérien, le renseignement, la gestion des relations avec le régime de Kaboul et demeurent incontournables en matière logistique. Or, si les Américains peuvent encore quitter le pays dans un court délai et respecter, à quelques jours près, le délai fixé dans l’accord de Doha, les autres soldats de l’OTAN, en particulier les Allemands, se retrouveraient dans une position dangereuse, privées du bouclier américain et incapables de quitter le territoire dans des conditions sécurisées.
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