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Rome face à la restauration d’un mille-feuille archéologique

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Le mausolée d’Auguste, le 3 mars à Rome. Le mausolée d’Auguste, le 3 mars à Rome.

LETTRE DE ROME

Depuis la rue, on ne voit pas le chantier dans son ensemble, mais des ouvertures ont été pratiquées entre les barrières opaques pour aiguiser quelque peu la curiosité des passants. Nous sommes en plein centre de Rome, non loin des bords du Tibre, à moins de dix minutes à pied de la piazza del Popolo et face à l’imposant musée de l’Ara Pacis, dont la silhouette orthogonale et le blanc immaculé tranchent avec le foisonnement de couleurs des ruelles du Campo Marzio.

Derrière les panneaux, on distingue les ruines d’une grande structure circulaire, mais celle-ci est tellement enfoncée dans le sol (au fil des siècles, la chaussée est montée de 8 à 10 mètres) qu’on peine à prendre la juste mesure de ses proportions.

C’est en pénétrant sur le chantier, à l’invitation de la ville de Rome, propriétaire des lieux, et de la Surintendance capitoline aux biens culturels, qu’on a pu se faire une idée de l’ampleur stupéfiante de l’édifice. Mais pouvait-il en être autrement, s’agissant du lieu qui a abrité durant des siècles la sépulture du fondateur de la Rome impériale ?

Atermoiements et polémiques

Fermé pour des travaux de restauration depuis 2007, le mausolée d’Auguste est une tombe circulaire d’environ 90 mètres de diamètre, qui, du temps de la splendeur de Rome était dominée par une statue monumentale de l’empereur, s’élevant à 42 mètres de haut et surplombant la plaine du Champ de Mars, alors à peine urbanisée.

Il a rouvert ses portes au public, sur réservation, le 1er mars – avant d’être à nouveau fermé pour cause d’entrée de la région Latium en « zone rouge » après une nouvelle recrudescence de la pandémie de Covid-19.

Après une dizaine d’années d’atermoiements et de polémiques typiquement romaines, la restauration a réellement commencé début 2017, grâce à l’apport de 6 millions d’euros par la fondation TIM (ex-Telecom Italia), et les premières visites au public ont été opportunément avancées à quelques mois avant les élections municipales. « C’est loin d’être fini, il faudra au moins attendre 2023 pour que la restauration soit achevée », concède l’archéologue Elisabetta Carnabuci, qui dirige les travaux au nom de la commune de Rome. « D’autant plus que l’histoire de ce lieu est très riche, ce qui rend le projet de restauration extrêmement complexe. Ce mausolée est tellement important symboliquement… »

Il faut dire que l’histoire du mausolée d’Auguste est tout sauf linéaire. Imaginé par le tout-puissant Octave à son retour d’Orient, après sa campagne victorieuse contre Marc-Antoine qui lui assurait une domination sans partage sur le monde romain, ce mausolée oriental, censé faire écho au tombeau monumental d’Alexandre le Grand, à Alexandrie, et au mausolée d’Halicanasse (une des sept merveilles du monde antique), est sorti de terre en 28 avant Jésus-Christ, un an avant l’entrée dans le principat (ce qu’on appellera par la suite le début de la période impériale).

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