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En Espagne, l’aide publique à une minuscule compagnie aérienne suscite la controverse

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Un A340 de la compagnie Plus Ultra en 2016. Un A340 de la compagnie Plus Ultra en 2016.

La polémique ne cesse de monter en Espagne au sujet des aides publiques versées, début mars, à la petite compagnie aérienne à bas coût Plus Ultra. Mercredi 24 mars, le Parti populaire (PP, droite) a sollicité l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire. Le parti libéral Ciudadanos a demandé à la Commission nationale des marchés et de la concurrence qu’elle se prononce sur l’affaire. Et le parti d’extrême droite Vox a annoncé son souhait de porter plainte devant le parquet anticorruption…

A priori, pas de quoi fouetter un chat : Plus Ultra a bénéficié de 53 millions d’euros d’aide, – un prêt participatif de 34 millions (assimilable à des quasi-fonds propres) et un prêt ordinaire de 19 millions –, du « fonds de soutien à la solvabilité des entreprises stratégiques », mis en place par la Société espagnole de participations industrielles (SEPI).

Cependant, non seulement ce fonds est réservé uniquement aux « entreprises stratégiques » espagnoles, qui étaient « viables » avant la pandémie, – des conditions que Plus Ultra ne semble pas remplir –, mais l’histoire de cette compagnie aérienne jusque-là méconnue, qui n’a transporté que 150 000 passagers en 2019 (au Vénézuela, au Pérou et en Equateur) et ne compte que quatre avions, dont un seul est opérationnel, est loin d’inspirer confiance.

Pertes financières

Créée en 2011 par deux anciens responsables de l’ancienne compagnie Air Madrid, – qui a fait faillite en 2006 -, Plus Ultra a affiché des pertes financières tous les ans depuis ses premiers vols commerciaux vers l’Amérique latine, en 2016. Il semble donc difficile qu’elle puisse respecter son engagement à rembourser les prêts d’Etat dans un délai de sept ans. D’autant qu’elle a été sauvée de la faillite à plusieurs reprises…

En 2017, des hommes d’affaires vénézuéliens, en bons termes avec le régime de Nicolas Maduro, ont investi 3,8 millions d’euros dans la compagnie et augmenté leurs parts progressivement, via la compagnie Snip Aviation, qui dispose actuellement de 47,2 % de Plus Ultra. Ce qui, en soi, n’a pas manqué de provoquer un scandale, certains voulant y voir l’intervention du parti de la gauche radicale Podemos, qui gouverne en coalition avec le Parti socialiste, bien que l’octroi de ces aides ne fasse pas partie, en principe, des compétences de ses ministres.

Par ailleurs, afin d’éviter la faillite, en 2019, Plus Ultra a obtenu un prêt de 6,3 millions d’euros d’une société d’investissement panaméenne. Or le PP n’a pas manqué de rappeler au gouvernement qu’il s’était engagé à ne pas aider d’entreprises opérant dans des paradis fiscaux.

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