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L’écrivain vietnamien Nguyen Huy Thiep – qui était aussi sculpteur, peintre et dessinateur – est mort à Hanoï, sa ville natale, samedi 20 mars. Il était âgé de 70 ans. En 1990, les éditions de L’Aube avaient fait paraître Un général à la retraite, devenu la plus célèbre de ses nouvelles. C’était la première fois qu’un écrivain vietnamien contemporain était publié en France depuis la guerre d’Indochine. Avec lui disparaît l’une des grandes figures des lettres vietnamiennes, un écrivain emblématique de la renaissance littéraire des années 1980 – avec Duong Thu Huong (Sabine Wespieser Editeur).
Il y a dans Un général à la retraite une peinture particulièrement déchirante des derniers mois d’un homme qui a consacré toute sa vie aux armes et à la guerre et se retire finalement parmi les siens, mais ne trouve jamais sa place : le temps a passé, or, comme le dit son narrateur de fils, « l’amour demande du temps ». Pendant toute une année, le vieux général et sa famille se perdent en malentendus et en rendez-vous manqués. Les apparences sont constamment trompeuses, la déception toujours au rendez-vous, en dépit des sentiments, de l’indéniable affection, du respect qui ne sait comment s’exprimer. Finalement, le jeune retraité coupe court et meurt pendant des manœuvres auxquelles son ancien adjoint l’a opportunément invité dans le nord du pays. Comme son personnage, Nguyen Huy Thiep est mort l’année suivant ses 70 ans.
Confusion des valeurs
Grand maître de la nouvelle et du récit court, écrivain des mirages et des trompe-l’œil, Nguyen Huy Thiep est né en 1950 à Hanoï, en pleine guerre du Vietnam. Enseignant pendant plusieurs années dans le nord du pays après des études d’histoire, il embrasse une retentissante carrière littéraire au milieu des années 1980. Paru au Vietnam en 1987, Un général à la retraite fera justement date dans un microcosme encore étranglé par une censure qui commence juste à s’assouplir. Cette fable, qui allie subtilement un fantastique presque brutal au réalisme le plus terre à terre, n’est pas tendre avec les faux-semblants du régime, la confusion des valeurs, la vulgarité, le cynisme, et évoque les souffrances d’une population affamée et soumise. Les censeurs ne seront pas dupes. Les nouvelles suivantes de Nguyen Huy Thiep, toutes aussi acérées, achèveront de faire de lui à la fois un écrivain célèbre et un opposant. Des premières traductions paraissent tandis que le pouvoir tente de juguler ces premiers souffles de liberté littéraire.
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