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Au Brésil, le juge Sergio Moro, qui a condamné Lula, déclaré « partial » par la Cour suprême

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Le ministre brésilien de la justice, Sergio Moro, donne une conférence de presse pour annoncer sa démission à Brasilia, au Brésil, le 24 avril 2020. Le ministre brésilien de la justice, Sergio Moro, donne une conférence de presse pour annoncer sa démission à Brasilia, au Brésil, le 24 avril 2020.

Cette décision est une nouvelle victoire judiciaire pour l’ex-président de gauche. Le juge Sergio Moro, à l’origine de la première condamnation de Luiz Inacio Lula da Silva pour corruption, a été déclaré « partial », mardi 23 mars, par la Cour suprême du Brésil.

Lula, 75 ans, avait déjà vu l’ensemble de ses condamnations annulées pour vice de forme par un juge de cette même Cour suprême il y a deux semaines, redevenant éligible pour affronter le président d’extrême droite Jair Bolsonaro lors du scrutin de 2022.

Une défaite cuisante pour « Lava Jato »

La décision de ce mardi, prise par trois voix à deux par la deuxième chambre de la plus haute juridiction du Brésil, est aussi une défaite cuisante pour « Lava Jato » (« Lavage express »), plus grande enquête anticorruption de l’Histoire du pays, dont le juge Moro était la figure de proue.

Son impartialité avait été mise en doute quand il avait accepté fin 2018 de devenir le ministre de la justice de Jair Bolsonaro. Il avait démissionné avec fracas en avril dernier de son poste, en dénonçant des ingérences du président.

L’enquête « Lavage express » avait ensuite été encore discréditée par la révélation d’échanges de messages par le site The Intercept Brasil, montrant une collusion entre les procureurs et le juge Moro. La justice brésilienne avait officiellement mis un terme à la célèbre opération anticorruption le 3 février.

Le principal fait d’arme de ce magistrat avait été la condamnation de Lula en première instance en juillet 2017 : l’ex-président (2003-2010) était accusé d’avoir reçu un triplex en bord de mer en l’échange de faveurs dans l’attribution de marchés publics.

Après avoir été condamné en appel, l’ancien tourneur-fraiseur avait purgé 18 mois de réclusion d’avril 2018 à novembre 2019, avant d’être libéré sur une autre décision de la Cour suprême. Avant d’être incarcéré, il faisait figure de favori à la présidentielle finalement remportée par Jair Bolsonaro.

Un duel de titans se profile

Dans son recours, jugé recevable par la Cour suprême mardi, la défense de Lula a estimé que le juge Moro avait été à charge contre l’ex-président (2003-2010) tout au long de l’instruction de l’affaire du triplex, en raison de « motivations politiques », pour l’empêcher de briguer en troisième mandat. Lula n’a cessé de dénoncer un complot politique contre lui.

« La décision d’aujourd’hui est une nouvelle victoire politique pour Lula, dont l’éligibilité [à la présidentielle de 2022] est en train de se confirmer au gré des décisions successives de la Cour suprême », a estimé le cabinet de consultants Prospectiva peu après le jugement de mardi.

Même s’il assure ne « pas avoir la tête à la candidature de 2022 », le retour de Lula dans l’arène politique a totalement rebattu les cartes, avec un duel de titans qui se profile contre Jair Bolsonaro l’an prochain.

Lula n’a cessé d’attaquer le bilan du dirigeant d’extrême droite, notamment ses « décisions imbéciles » dans sa gestion chaotique de la crise sanitaire du Covid-19, qui a fait près de 300 000 morts au Brésil.

Le Monde avec AFP

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