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L’unité brisée des partis arabes israéliens

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Une affiche de campagne de Benyamin Nétanyahou aux élections législatives du 23 mars 2021, installée à Jérusalem le 10 mars. Une affiche de campagne de Benyamin Nétanyahou aux élections législatives du 23 mars 2021, installée à Jérusalem le 10 mars.

Depuis une décennie, jamais les villes arabes d’Israël n’avaient tant vu M. Nétanyahou. Le premier ministre a mené une campagne agressive, à l’approche des législatives du 23 mars, pour capter leur vote (20 % de la population). Il y a mené une vingtaine de meetings, a rencontré des maires. Il a bu le café sous une tente avec des chefs bédouins, dans le désert du Neguev, et promis des investissements massifs pour la lutte contre la criminalité en Galilée, fléau de la région. Au passage, il a indiqué aux chefs de la police que leurs hommes feraient bien de tirer pour tuer certains chefs de gang.

Une communauté démobilisée

Son parti, le Likoud, vante en arabe sur ses affiches les mérites « d’Abou Yaïr », le père de Yaïr Nétanyahou, un titre honorifique détonnant : le fils du premier ministre est une figure incendiaire, volontiers raciste sur les réseaux sociaux israéliens. « L’opinion arabe n’est pas dupe. Elle considère, dans son écrasante majorité, M. Nétanyahou comme un raciste, qui a tout fait depuis dix ans pour la délégitimer. Pourtant, il peut espérer y gagner un siège ou peut-être un siège et demi au Parlement », estime Thabet Abu Rass, le directeur du centre d’analyse Abraham initiatives : 50 000 votes, contre 10 000 lors du dernier scrutin.

Ce ne serait pas un maigre succès dans ces élections où chaque bulletin compte. Mais le véritable pari de M. Nétanyahou est ailleurs. Les dirigeants des partis arabes le reconnaissent : leur communauté paraît en partie démobilisée. Selon les études de l’Abraham initiatives, sa participation pourrait se réduire de 10 % par rapport au dernier scrutin, à 55 %, loin en deçà du taux national (environ 70 %). Un tel reflux joue en faveur du premier ministre : il augmente la part du vote juif, de plus en plus marqué à droite.

C’est le fruit d’une opération politique de haute volée. M. Nétanyahou a su pousser à la rupture la liste unie que présentaient les quatre formations arabes depuis septembre 2019, et qui leur vaut une puissance inédite à la Knesset : 15 sièges. Au quatrième scrutin en deux ans, cet attelage bringuebalant, qui allie les communistes du parti Hadash aux islamistes de Ra’am, a fini par s’écrouler. Les islamistes font désormais cavaliers seuls.

Rupture sur la place des homosexuels dans la société

Ils ont rompu notamment au terme d’un débat sur la place faite aux homosexuels dans la société arabe. Mais c’est avant tout à une affaire de stratégie. Forts de leur unité, les partis arabes avaient recommandé au printemps 2020 le centriste Benny Gantz, pour qu’il forme un gouvernement. Mais M. Gantz a fini par refuser leur soutien. Aiguillonné par M. Nétanyahou, contesté aussi par l’aile droitière de sa propre formation, Bleu Blanc, le général Gantz a jugé impossible de normaliser ces partis « non sionistes ».

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