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Législatives en Israël : “Pour Benjamin Netanyahu, tout se joue à droite”

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Fort de son bilan en matière de lutte contre l’épidémie de Covid-19, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est le favori des élections législatives du 23 mars, les quatrièmes organisées en deux ans. Il doit cependant faire face à plusieurs opposants issus de la droite qui se sont fixés pour objectif de le déloger du pouvoir après douze ans de mandat. 

Les électeurs israéliens sont appelés aux urnes, mardi 23 mars, pour de nouvelles législatives, les quatrièmes en deux ans. Mais cette fois, l’enjeu du scrutin se résumera à un duel entre deux grands distincts : les pro et les anti-Netanyahu.

Si le Premier ministre Benjamin Netanyahu peut toujours compter sur quasiment le même bloc de droite  — composé de son parti, le Likoud, et des mouvements religieux — qui était parvenu à empêcher la formation de coalitions centristes et laïques lors des dernières législatives, le camp qui s’oppose à lui s’est renforcé.

On y retrouve logiquement les mouvements du centre, menées par Yaïr Lapid, ainsi que les partis arabes et de gauche, et sans surprise le très droitier Avigdor Liberman, leader du parti ultranationaliste « Israël Beiteinou », bête noire du Premier ministre sortant.

Mais ce front compte aussi l’ancien ministre de la Défense Naftali Bennett, qui dirige la formation de droite religieuse « Yamina », et l’ancienne figure du Likoud Gideon Saar, fondateur de « Tikva Hadasha ».

Le point commun qui rassemble ces anti-Netanyahu de droite et d’extrême droite, est qu’ils sont tous passés à un moment de leur carrière politique dans les rangs du principal parti de droite, le Likoud. Ils ont même directement travaillé avec ou au service de Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis 2009, avant de servir tous les trois en tant que ministres dans l’un de ses nombreux gouvernements.

« Pour Benjamin Netanyahu, tout se joue essentiellement à droite parce que le centre de gravité de la politique israélienne se situe à droite depuis plusieurs décennies. La gauche s’est tellement effondrée que c’est seulement de l’autre côté de l’échiquier politique que l’on trouve une profusion de candidats qui se liguent contre lui « , explique Frédéric Encel, maître de conférences à Science Po et auteur de L’Atlas géopolitique d’Israël (Autrement), interrogé par France 24.

Gideon Saar, trente ans dans l’ombre de Netanyahu

Dernier arrivé dans le front anti-Netanyahu, Gideon Saar, 54 ans, a claqué avec fracas la porte du Likoud en décembre, après trois décennies de bons et loyaux services, en dénonçant un parti réduit à « un culte de la personnalité [celle de Benjamin Netanyahu, NDLR] ». Il a ensuite fondé son mouvement, baptisé « Tikva Hadasha » (Nouvel espoir), qui se veut libéral de centre-droit mais qui est explicitement anti-Netanyahu. 

Accusant le Premier ministre actuel de faire passer en priorité ses intérêts personnels aux dépens de ceux de l’État hébreu, l’ancienne étoile montante du Likoud a juré, tout au long de la campagne, refuser de rejoindre une coalition dirigée par son ancien mentor.

« Ce Likoudnik à l’ancienne, plutôt populaire dans son ancien parti, est un nationaliste intransigeant, peut-être même plus que Benjamin Netanyahu, en étant notamment plus incisif sur un certain nombre de points concernant les Palestiniens ou le Hezbollah, souligne Frédéric Encel. Il s’inscrit dans la droite ligne du Likoud qui a toujours été un parti laïque même si Benjamin Netanyahu l’a enfermé dans une alliance électorale gagnante avec les ultra-orthodoxes ashkénazes et séfarades. »

Et d’ajouter : « Gideon Saar peut espérer obtenir un nombre de voix tout à fait conséquent, les derniers sondages prédisent qu’il remportera entre 10 et 12 sièges sur les 120 que compte le Parlement, autrement dit, il peut se retrouver mathématiquement incontournable pour bâtir une coalition à droite et gêner Benjamin Netanyahu ».

Pour parvenir à ses fins, Gideon Saar tente de séduire les électeurs de droite, qui ont tourné le dos à Benjamin Netanyahu, poursuivi pour corruption dans trois affaires, tout en essayant de convaincre les électeurs du centre-gauche que seule une nouvelle coalition de droite et de centristes pouvait chasser du pouvoir le Premier ministre. 

« Cette tâche paraît difficile, car il suffit de voir l’échec des précédentes tentatives de prise de pouvoir par le centre, le dernier en date étant celle de Benny Gantz, rappelle Fredéric Encel. Malgré l’émiettement de la scène politique israélienne, le mode de scrutin qui est à la proportionnelle intégrale, n’a pas empêché, et ce pendant plusieurs décennies, une grande fidélité des électeurs aux deux principaux partis qui étaient à l’époque le Parti travailliste à gauche et le Likoud, qui reste seul en piste aujourd’hui ».

Jusqu’ici, les derniers sondages créditent le Likoud de la première place avec environ une trentaine de sièges à la Knesset, le Parlement, suivi de la formation Yesh Atid (« Il y a un avenir ») du centriste Yaïr Lapid, et donc des partis de droite dirigés par Gideon Saar et Naftali Bennett avec chacun près de dix sièges.

« Grâce non seulement à sa bonne gestion de l’épidémie et de la vaccination saluée dans le monde entier, aux gestes favorables à Israël accordés par l’administration Trump et aux rapprochements avec quatre pays arabes, Benjamin Netanyahu paraît invincible et reste le favori du scrutin, poursuit Frédéric Encel. Même si on parle d’un homme souvent détesté, il est perçu comme le seul leader israélien, non pas dans le sens de la probité, mais dans celui de protecteur de la nation, qu’il est aujourd’hui le seul à incarner. »

Naftali Bennett, le faiseur de roi

De son côté le baron de la droite nationaliste et religieuse Naftali Bennett, 48 ans, est plus nuancé sur la question de l’avenir politique de Benjamin Netanyahu, même s’il juge qu’il est en poste depuis bien trop longtemps. Son objectif affiché est de devenir lui-même Premier ministre de l’État hébreu, mais il ne rejette pas l’éventualité de travailler avec le chef du Likoud au sein d’une coalition. 

« Au bout du compte, ce sera soit Bennett, soit Netanyahu », a-t-il promis à plusieurs reprises à ses électeurs, tout en les assurant que son parti Yamina n’intégrera pas une coalition qui serait dirigé par un parti de gauche ou par le centriste Yaïr Lapid. 

« Naftali Bennett, qui assume une pratique religieuse assez stricte tout en étant extrêmement moderne sur la forme, est à la tête du parti qui est devenu le fer de lance des colonies et il reste « Netanyanhu-compatible’ », précise Frédéric Encel. 

Et de conclure : « Il peut se retrouver dans une position de faiseur de roi pour former un gouvernement de coalition avec lui, même si ses relations personnelles avec Benjamin Netanyahu sont exécrables ».

 

 

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