La plateforme britannique de livraison alimentaire Deliveroo a fixé le prix de son introduction en Bourse, dépassant les attentes des investisseurs avec une valorisation qui pourrait aller jusqu’à 9 milliards de livres (10 451 700 000 d’euros), ce qui en ferait la plus importante à Londres depuis près de 10 ans.
Dans un communiqué lundi, elle dit avoir établi le prix de son futur titre à entre 3,90 et 4,60 livres, pour une capitalisation boursière visée entre 7,6 et 8,8 milliards.
L’opération, grâce à laquelle le groupe espère lever un milliard de livres, sera composée d’actions existantes et nouvelles, avec une possible option de sur-allocation de 10%.
« C’est plus qu’attendu et fait de cette introduction en Bourse la plus grosse à Londres depuis un moment », remarque Neil Wilson, analyste de Markets.com.
Si l’opération est réalisée dans la fourchette communiquée, il s’agira de la plus importante à Londres depuis le groupe minier Glencore en mai 2011, selon les données du cabinet Dealogic. Glencore avait alors été valorisé 36,7 milliards de livres.
Une entrée en Bourse pour investir dans l’innovation et le développement de nouveaux outils technologiques
« Devenir une entreprise cotée va nous permettre d’investir dans l’innovation, de développer de nouveaux outils technologiques pour aider les restaurants et les épiciers, fournir plus de travail aux livreurs et étendre le choix des consommateurs », a commenté le fondateur et directeur général Will Shu.
« Nous avons bénéficié d’un bon début de 2021 » avec « d’énormes opportunités devant nous », ajoute-t-il.
Le groupe fait partie d’un des rares secteurs de l’économie à avoir profité de la pandémie et des confinements, qui ont dopé les livraisons de repas à domicile.
La perte de Deliveroo a baissé en 2020 à 223,7 millions de livres, contre 317 millions un an plus tôt, et la croissance accélère cette année: la valeur des transactions gérées sur la plateforme a bondi de 121% sur un an en janvier et février.
La date de l’entrée en Bourse à Londres n’a pas été fixée mais devrait avoir lieu en avril, à l’heure où la City voit sa position concurrencée, depuis l’entrée en vigueur du Brexit début janvier, par les autres place européennes. Amsterdam notamment lui a ravi la première place pour le courtage d’actions en euros.
L’offre boursière de Deliveroo, dont le géant américain Amazon détient 16% du capital, comptera deux types d’actions pour une période de trois ans: les titres A seront les seuls cotés, et les titres B, détenus exclusivement par le fondateur et directeur général Will Shu.
Ce dernier bénéficiera de 20 votes pour chaque action B, afin de conserver la main sur la stratégie tout en cédant une partie du capital.
La société, dont le siège est à Londres, travaille avec 115.000 restaurants dans 800 villes dans le monde et compte quelque 100.000 livreurs, reconnaissables aux imposants sacs à dos verts qu’ils portent en sillonnant les rues à vélo.
Deliveroo régulièrement épinglée pour la précarité de ses livreurs
Elle emploie 2.000 personnes dans le monde et entend désormais se diversifier dans la livraison de courses alimentaires via des partenariats avec des supermarchés.
La société créée à Londres en 2013 est par ailleurs régulièrement épinglée pour la précarité de ses livreurs. Au Royaume-Uni, ces derniers attendent la décision de la Cour d’appel de Londres qui doit dire s’ils peuvent bénéficier d’une convention collective afin d’avoir de meilleures conditions de travail.
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Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown, remarque que la demande « insatiable pour les repas à emporter n’est pas prête de disparaitre mais va inévitablement reculer quand les gens vont réserver des tables dans leurs restaurants préférés » avec la levée des restrictions liées au covid. Elle remarque aussi que la concurrence dans le secteur « est féroce, Deliveroo rivalisant avec Uber Eats, Just Eat et d’autres ».
Just Eat « a annoncé son intention de doper ses activités au Royaume-Uni » et « s’est engagé à offrir à ses travailleurs au Royaume-Uni des salaires horaires, des couvertures maladie et des contributions retraite » ce qui offre « un contraste marquant avec Deliveroo« .
« Mais le vent du changement souffle après la décision de la semaine dernière par Uber de requalifier ses chauffeurs en travailleurs salariés » et non plus travailleurs indépendants « même si ça ne s’appliquera pas à Uber Eats » remarque Mme Streeter, ce qu’elle juge représenter « un défi clair au modèle contractuel de Deliveroo« .
Si la plateforme britannique était forcée de changer le statut de ses livreurs à l’avenir, « cela empièterait sur ses perspectives de profits », conclut-elle.
(Avec l’AFP)
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