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En Biélorussie, les manifestants face à l’épreuve de la prison

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Katerina Borisevich, journaliste pour le site indépendant « Tut.by », au tribunal  de Minsk (Biélorussie), le 19 février 2021. Katerina Borisevich, journaliste pour le site indépendant « Tut.by », au tribunal  de Minsk (Biélorussie), le 19 février 2021.

Le comité d’accueil qui attendait Angelina Serzhan à sa sortie de prison, le 14 février, était limité à ses parents, heureux mais inquiets. L’heure de sa libération avait été décalée au dernier moment. Une dispute a vite éclaté. « Mon père m’a dit que j’étais responsable puisque j’avais porté des chaussettes politiquement incorrectes », sourit tristement la jeune femme de 20 ans. En participant aux manifestations réclamant le départ d’Alexandre Loukachenko, réélu à la tête de la Biélorussie le 9 août 2020, elle s’attendait à se faire arrêter un jour par les forces spéciales antiémeute (OMON) mais certainement pas à cause de ses chaussettes.

Le 30 janvier, les policiers l’embarquent dans un fourgon alors qu’elle traverse un parc de la capitale. Motif : l’étudiante aux beaux-arts de Minsk porte des chaussettes blanc et rouge, les couleurs de l’ancien drapeau de la République populaire biélorusse, devenu le symbole du mouvement de contestation. Au verdict de son procès, sur Skype, elle est condamnée à quinze jours de détention pour « participation à un événement de masse non autorisé par les autorités ».

En prison, Angelina ne reçoit pas les lettres que lui envoient ses amis ni aucune nouvelle de l’extérieur, seulement des médicaments, envoyés par ses parents, mais elle se lie rapidement d’amitié avec ses codétenues. « J’ai rencontré plein de personnes intéressantes, raconte la jeune fille. J’ai échangé mon compte Instagram avec des filles de mon âge et mon numéro de téléphone avec des femmes plus âgées… »

« Décorations blanc et rouge »

Alors que les manifestations de masse ont cessé depuis l’automne, Svetlana Tsikhanovskaïa, la figure de proue de l’opposition en exil en Lituanie, a appelé les Biélorusses à ressortir dans les rues le 25 mars pour la Journée de la liberté. Mais le régime a accentué la pression sur le pays et traque désormais les figures de la contestation. Hanna Liubakova, une journaliste biélorusse indépendante, décrit un « durcissement des peines » avec, notamment, le passage de quinze à trente jours d’emprisonnement.

Artyom Sorokin, un médecin accusé d’avoir divulgué les informations médicales d’un manifestant aux médias, est assis dans la cage d’un accusé lors d’un procès à Minsk, le 19 février 2021. Artyom Sorokin, un médecin accusé d’avoir divulgué les informations médicales d’un manifestant aux médias, est assis dans la cage d’un accusé lors d’un procès à Minsk, le 19 février 2021.

Avec plus de 33 000 arrestations de manifestants depuis le 9 août, les séjours dans les centres de détention sont devenus une facette importante du mouvement de contestation. Au 19 mars, l’organisation de défense des droits de l’homme Viasna recensait par ailleurs 288 prisonniers politiques. Un chiffre qui ne cesse de croître. « Récemment, le ministre de l’intérieur a parlé de plus de 2 300 cas de détentions politiquement motivées, explique Hanna Liubakova. Si ces manifestants sont condamnés à des peines de prison de plusieurs années, le nombre de prisonniers politiques augmentera. »

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