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« En dépensant trop à court terme, Joe Biden a réduit ses marges de manœuvre pour relancer la croissance structurelle »

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Conférence de presse de Joe Biden le 19 mars à Atlanta. Conférence de presse de Joe Biden le 19 mars à Atlanta.

En mai 1987, un jeune sénateur démocrate du Delaware s’apprêtait à se lancer dans sa première campagne présidentielle. Lors d’un discours à l’université de Princeton (New Jersey), il s’était attaqué à l’une des vaches sacrées du camp progressiste : le rôle de l’Etat providence. « Les subventions publiques ne sont pas la réponse ultime aux problèmes des pauvres », avait-il martelé.

Devancé aux primaires par Michael Dukakis, il récidivait en novembre 1988 avec des formules que Ronald Reagan n’aurait pas renié : « Nous connaissons bien les histoires de ces mères vivant de l’aide sociale qui conduisent des voitures de luxe. Qu’elles soient exagérées ou pas, ces histoires soulignent (…) que le système d’assistance sociale est en panne – il ne fait que distribuer des chèques et ne fait rien pour que les pauvres trouvent des emplois productifs. »

Trente-quatre ans plus tard, Joe Biden (puisque c’est de lui dont il s’agit), enfin élu président des Etats-Unis, vient de faire adopter par le Congrès un gigantesque plan de soutien à l’économie de 1 900 milliards de dollars (1 600 milliards d’euros), renouant avec ce qu’il avait brûlé jadis : une revalorisation des indemnités chômage, des aides aux plus pauvres et des chèques sans contrepartie distribués à la grande majorité des Américains.

L’ex-sénateur du Delaware n’a pas lésiné pour distribuer l’argent public financé par la dette, pandémie de Covid-19 oblige. Deux questions se posent désormais. La première consiste à savoir si ces sommes ont été dépensées à bon escient. La seconde porte sur la capacité des Etats-Unis à créer les fameux « emplois productifs ».

L’épargne des Américains multipliée par cinq

Concernant la pertinence de ce plan de soutien, il était sans doute nécessaire de protéger les chômeurs qui arrivaient en fin de droit ce mois-ci, d’aider les familles les plus pauvres à surmonter les conséquences de la pandémie et de consolider un système de santé qui a montré ses fragilités pendant cette crise.

Maintenant, tout est affaire de dosage dans un contexte de reprise économique plus rapide que prévu. Celle-ci est déjà sur les rails grâce aux deux plans de soutien voté sous Donald Trump pour un montant total de 2 900 milliards de dollars.

Le taux de chômage reste élevé, mais recule sensiblement. La richesse des ménages, qui a augmenté de près de 1 200 milliards de dollars en 2020, est à son plus haut historique. Le pouvoir d’achat a progressé de 6 %. Avant même que le dernier plan du mois de décembre 2020 ne produise ses effets, l’épargne des Américains a été multipliée par cinq en un an pour dépasser les 2 600 milliards de dollars (contre 300 milliards à 700 milliards en moyenne sur la dernière décennie).

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