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Baghouz, dernier bastion de l’organisation Etat islamique (EI) dans le sud-est de la Syrie, n’était pas encore tombé sous l’assaut des forces kurdes et de la coalition internationale, en mars 2019, que, déjà, un nouveau réduit du califat se reconstituait ailleurs.
A 300 kilomètres au nord, dans le camp de déplacés d’Al-Hol, des camions à bétail déversaient par milliers des silhouettes fantomatiques : vieillards décharnés, femmes recouvertes de longs niqabs noirs maculés de boue, traînant des ribambelles d’enfants dépenaillés aux traits tirés par la faim et le manque de sommeil, au regard hanté par la mort. Dans la foule, des djihadistes françaises, séparées de leurs époux et proches tués au combat ou emprisonnés, juraient alors : « D’ici, le califat vivra et se perpétuera ! »
Leur prédiction ne s’est pas démentie. Ce camp fermé du Nord-Est syrien, où s’entassent encore derrière de hauts barbelés près de 65 000 personnes – dont 53 % d’enfants âgés de moins de 12 ans, selon les Nations unies – s’est transformé en terreau fertile de radicalisation.
Dans une région enclavée, située entre la bande frontalière sous occupation turque et des zones contrôlées par le régime syrien, où l’aide internationale arrive au compte-gouttes par la frontière irakienne, l’administration autonome kurde doit gérer seule ceux dont personne ne veut : 30 000 Irakiens, 24 000 Syriens et plus de 10 000 autres de 57 nationalités différentes, dont des Européens que leur pays refuse d’accueillir, à Al-Hol ; quelques milliers d’autres femmes et enfants dans le camp de Roj ; et 11 000 combattants de l’EI, dont 1 700 étrangers, détenus dans des prisons mouroirs.
Décapitations et évasions
Quand ce ne sont pas les incendies causés par les réchauds qui viennent faucher une famille entière sous une tente, ce sont les règlements de compte, les décapitations, les attaques de gardien et les évasions qui rythment la vie à Al-Hol. Depuis janvier, au moins 31 meurtres par objet tranchant ou arme à feu ont été enregistrés, selon Jaber Cheikh Moustafa, un responsable kurde du camp. « Nous pensons que des cellules de Daech sont derrière ces meurtres (…), qui se produisent surtout dans la section réservée aux Irakiens et aux Syriens », a-t-il précisé à l’Agence France-Presse (AFP). Fin février, l’organisation Médecins sans frontières (MSF) a annoncé la suspension de ses activités après le meurtre d’un de ses employés locaux et de sa famille, et d’un incendie qui a en blessé trois autres et tué l’enfant de l’un d’eux.
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