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L’Union européenne divisée sur les rapatriements des femmes et des enfants de djihadistes

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Le camp de Roj, près de Derik, en Syrie, où les familles de membres suspectés de l’organisation Etat islamique sont retenues, le 4 février 2021. Le camp de Roj, près de Derik, en Syrie, où les familles de membres suspectés de l’organisation Etat islamique sont retenues, le 4 février 2021.

Il ne se passe pas une semaine sans qu’une rumeur d’évasion ou d’enlèvement d’enfants, l’annonce d’un meurtre ou les échos d’une grève de la faim ne s’échappe des camps de détenus de l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie. Pourtant, la question des familles de djihadistes européens, sous la garde des forces kurdes syriennes, demeure un lourd tabou tant au siège de l’Union européenne, à Bruxelles, que dans les capitales concernées. A commencer par la France, qui occupe le premier contingent de l’UE avec plus de 120 femmes et plus de 300 enfants sur place. Le sort des hommes n’est même pas évoqué tant il y a un consensus pour ne pas les rapatrier.

Les femmes et les enfants surtout, c’est une autre affaire. L’annonce, le 4 mars, par le premier ministre libéral belge, Alexander De Croo, que son pays allait rapatrier tous les enfants de moins de 12 ans, c’est-à-dire l’intégralité des mineurs belges actuellement dans les camps du Nord-Est syrien, a ouvert une brèche en Europe. Après la Finlande, qui a déjà rapatrié six femmes et une vingtaine d’enfants depuis 2019 et compte encore une demi-douzaine de femmes et une douzaine d’enfants sur place, c’est le deuxième membre de l’UE à afficher un tel objectif.

Bruxelles évoque une trentaine d’enfants alors qu’un autre comptage, réalisé en octobre 2020, en totalisait 37. « Les laisser là, c’est faire en sorte qu’ils deviennent les terroristes de demain », a justifié M. De Croo. La situation des femmes sera examinée « au cas par cas ». Vingt et une Belges seraient aux mains des forces kurdes, la moitié au camp d’Al-Hol, l’autre moitié à celui de Roj.

L’annonce de M. De Croo, due semble-t-il à l’entrée des écologistes et des socialistes au gouvernement, a d’autant plus étonné que, jusqu’ici, la Belgique s’était rangée dans le camp des pays résolument hostiles aux rapatriements, tout comme la France, l’Allemagne, le Danemark et l’Espagne. Dans les milieux européens, ce qui est apparu comme un cavalier seul de la Belgique n’a guère suscité d’enthousiasme. Aucun pays n’a, à ce stade, manifesté son intention d’imiter le gouvernement de M. De Croo. Certains diplomates auraient, tout au plus, approché la Belgique pour « bien comprendre » sa démarche ou « être rassurés », confie un expert.

« Un point positif »

Toutes les initiatives en vue d’une possible action conjointe des Européens dans ce domaine sont bloquées depuis plusieurs années. Les dernières discussions au sein d’un comité « ad hoc » datent de janvier et se sont limitées à un échange d’informations. Pour la diplomatie française à Bruxelles, pas question de déroger au principe selon lequel « le sujet est lié à la compétence des Etats ».

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