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Sous un portrait de Bachar Al-Assad, de grandes tablées festives ont été dressées par la famille Katerji pour célébrer le second mandat de député d’un des leurs, Hossam. La photo a été prise à Alep, en juillet 2020. Le clan, inconnu avant 2011, incarne aujourd’hui ceux à qui ces dix ans de conflit ont réussi : les profiteurs de guerre. Hossam est l’un des chefs de milice siégeant désormais au Parlement. A Alep, les combats ont cessé, mais les pénuries continuent de peser sur le quotidien des habitants. Loin de poser problème aux Katerji, cette absence de normalité dans un pays dévasté leur donne des ailes.
La famille, qui a bâti sa fortune sur les ruines et dans le sang, règne sur l’ancienne capitale économique d’avant-guerre. Elle investit dans le métal, l’hôtellerie, l’immobilier… Les Katerji figurent aussi, selon le site économique The Syria Report, parmi les spoliateurs qui n’hésitent pas à intimider et à menacer les habitants d’Alep – qui avait été contrôlée par l’opposition de 2012 à 2016, et où sont toujours visibles les destructions causées par les bombardements de l’aviation du régime et de son allié russe – pour qu’ils vendent leurs biens des quartiers orientaux.
Du cash et des hommes armés
« L’immobilier attire la spéculation, mais on ne note guère de dynamisme dans ce secteur à Alep, explique un expert originaire de la ville. Les hôtels et restaurants, fréquentés par les nantis, sont les rares investissements qui rapportent. » La grande cité vit au ralenti. Les cafés populaires et les terrains de foot sont animés, mais l’électricité ne fonctionne que quelques heures par jour (la centrale de la ville n’a pas été réparée), se procurer de l’essence est un calvaire et les prix sont élevés… « Alep n’a pas retrouvé son rôle de carrefour régional. Elle reste coupée de son arrière-pays et cernée de barrages militaires. Dans cette configuration, ceux qui organisent le trafic avec les zones [syriennes] qui échappent au contrôle du gouvernement, avec le Liban ou avec la Turquie, stimulent l’économie d’Alep, même si ce n’est pas moral », dit l’économiste franco-syrien Samir Aïta.
Les Katerji se sont enrichis en fournissant pétrole et blé au régime de Bachar Al-Assad et en lui servant d’intermédiaires auprès des Kurdes, qui contrôlent des régions riches en ressources naturelles, et auprès de l’organisation Etat islamique (EI). « Le fait qu’ils sont originaires de Rakka [aux mains de l’EI, de 2014 à 2017] et leur connaissance de l’est [de la Syrie] ont facilité leur rôle trouble », estime l’expert.
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