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Publié le : 17/03/2021 – 18:09
Le district de Hlaing Tharyar, dans l’agglomération de Rangoun, était toujours coupé du monde, mercredi, tandis que les forces de la junte birmane intensifiaient leur répression contre les manifestants. Les médias locaux évoquent des maisons incendiées et des tirs continus pendant la nuit.
Massacre à huis clos en Birmanie. La commune de Hlaing Tharyar, dans l’agglomération de Rangoun, est le théâtre d’une répression sanglante depuis le bain de sang de dimanche dernier. Plusieurs dizaines de manifestants opposés au coup d’État avaient alors été abattus par l’armée birmane. Soldats et policiers bouclaient encore le district, mercredi 17 mars, pour contrôler les quelques véhicules et motos qui osaient circuler malgré l’imposition de la loi martiale.
Les médias locaux ont diffusé des images de maisons incendiées par les forces de sécurité et de manifestants tués par balles. Des habitants racontent avoir entendu des « coups de feu en continu » dans la nuit de mardi à mercredi, laissant craindre une hausse du nombre de victimes.
Ils fouillent systématiquement les motos et les véhicules qui osent encore circuler malgré l’instauration de la loi martiale et menacent les gens de « tirer », relate à l’AFP un étudiant en médecine du quartier.
« S’ils trouvent quelque chose lié à la politique, un signe d’appartenance au mouvement de désobéissance civile (lancé par le mouvement pro-démocratie contre la junte, NDLR), on est immédiatement interpellé », explique-t-il.
Hlaing Tharyar était un canton paisible avant le coup d’État du 1er février qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi : des travailleurs pauvres des quatre coins du pays étaient venus travailler dans l’une de ses nombreuses usines de textile, un secteur alors en plein boom en Birmanie.
« Zone de guerre »
Six semaines plus tard, cette banlieue est devenue « une zone de guerre urbaine », déplore Debbie Stothard, de la Fédération internationale pour les droits humains ( FIDH).
Hlaing Tharyar a sombré dans le chaos : une trentaine d’usines à capitaux chinois ont été incendiées, dimanche, selon le quotidien nationaliste chinois Global Times, provoquant l’ire de Pékin.
L’origine des attaques n’a pas été déterminée, mais le ressentiment à l’égard de la Chine s’est intensifié depuis le coup d’État, certains manifestants estimant qu’elle a une position trop complaisante vis-à-vis des généraux putschistes.
Peu après le début des incendies, les forces de sécurité se sont déployées en nombre. Elles ont ouvert le feu et tué plusieurs dizaines de protestataires. La journée de dimanche a été la plus meurtrière depuis le coup d’État, avec 74 manifestants abattus, principalement à Hlaing Tharyar.
La loi martiale a été instaurée et des centaines d’habitants ont pris la fuite au lendemain de cette journée meurtrière, entassant leurs affaires et leurs animaux de compagnie dans des camions, des tuk-tuks ou sur des deux-roues.
Mercredi soir, il restait difficile d’obtenir des informations sur ce qui se passe sur le terrain, le quartier restant entièrement bouclé et les connexions internet mobile coupées.
Plus de 200 civils ont été tués depuis le coup d’État et près de 2 200 arrêtés.
Avec AFP
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