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Le Niger a de nouveau été la cible lundi 15 mars d’attaques de djihadistes présumés qui ont fait 58 morts dans le sud-ouest du pays, près du Mali, les premières violences depuis l’élection du président Mohamed Bazoum le 21 février.
Lundi « dans l’après-midi, des groupes d’individus armés non encore identifiés ont intercepté quatre véhicules transportant des passagers de retour du marché hebdomadaire de Bani-Bangou en partance respectivement aux villages de Chinégodar et Darey-Daye », indique un communiqué du gouvernement lu mardi soir à la télévision publique.
« Ces individus ont lâchement et cruellement procédé à l’exécution ciblée des passagers. Au village de Darey-daye, ils ont tué des personnes et incendié des greniers » à céréales, ajoute-t-il. « Le bilan de ces actes barbares » est de « 58 personnes tuées, une personne blessée, plusieurs greniers et deux véhicules incendiés, deux véhicules emportés », selon le gouvernement.
Banibangou abrite l’un des plus importants marchés hebdomadaires de la région de Tillabéri, près de la frontière malienne. Située dans la zone dite des « trois frontières » entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, la région de Tillabéri est depuis des années le théâtre d’actions sanglantes de groupes djihadistes liés à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et à l’Etat islamique (EI).
Les pires attaques djihadistes
Le gouvernement a décrété un « deuil national de trois jours » à partir de mercredi et appelé « la population à plus de vigilance », réaffirmant « sa détermination à poursuivre sans relâche la lute contre la criminalité sous toutes ses formes ».
Elu chef de l’Etat le 21 février au second tour de l’élection présidentielle, Mohamed Bazoum s’est engagé à lutter contre l’insécurité, l’un des plus grands défis du Niger, pays sahélien parmi les plus pauvres du monde, qui doit lutter aussi contre les islamistes du groupe nigérian Boko Haram dans sa partie sud-est.
« Nous sommes sur la bonne voie », avait estimé son prédécesseur et mentor Mahamadou Issoufou à l’issue de ses deux mandats, en dépit de la poursuite des attaques.
La région de Tillabéri a été la cible des pires attaques djihadistes qu’a connue le Niger. Le 2 janvier, entre les deux tours de l’élection présidentielle, 100 personnes avaient été tuées dans les attaques de deux villages de la commune de Mangaïzé, l’un des pires massacres de civils au Niger.
Un an auparavant, le 9 janvier 2020, 89 soldats nigériens étaient morts dans l’attaque du camp militaire de Chinégodar. Et un mois plus tôt, le 10 décembre 2019, ce sont 71 soldats nigériens qui avaient péri dans une attaque à Inates, une autre localité de la région de Tillabéri. Ces deux attaques contre l’armée, qui avaient traumatisé le pays, avaient été revendiquées par les djihadistes de l’EI.
Bases de drones à Niamey et Agadez
La région de Tillabéri demeure instable malgré d’importants efforts pour tenter de la sécuriser. Un contingent de 1 200 soldats de l’armée tchadienne, réputée la plus aguerrie de la région, doit se déployer dans la zone des trois frontières, dans le cadre du G5 Sahel, regroupant cinq pays (Mauritanie, Mali, Burkina, Niger et Tchad) qui s’efforcent de coopérer dans la lutte antidjihadiste depuis 2015.
Comme ses voisins le Mali et le Burkina, également très touchés par les exactions des groupes djihadistes, le Niger bénéficie du soutien de l’opération française « Barkhane », qui compte 5 100 hommes déployés au Sahel.
La France dispose d’une base sur l’aéroport de Niamey, d’où opèrent des avions de chasse et des drones armés. Le président français Emmanuel Macron s’était engagé en février, en marge du dernier sommet du G5 Sahel à N’Djamena, à maintenir les effectifs de cette force.
Les Etats-Unis disposent également d’une importante base de drones à Agadez, donnant au pays une plate-forme de surveillance pour l’ensemble du Sahel. En octobre 2017, quatre soldats américains et cinq militaires nigériens avaient été tués dans une embuscade à Tongo Tongo, un village de la zone des « trois frontières ».
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