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Des ONG et des personnalités tunisiennes et étrangères ont réclamé, mardi 16 mars, la libération immédiate de Rania Amdouni, militante féministe condamnée à de la prison ferme, après « un procès expéditif » selon elles, pour avoir proféré des insultes contre des policiers. Cette militante LGBTQI+ (personnes lesbiennes, gay, bi, trans, queer, intersexe et plus) de 26 ans, arrêtée le 27 février et condamnée quelques jours plus tard à six mois de prison ferme, doit être jugée en appel mercredi.
Connue pour sa présence exubérante lors des mobilisations pro-démocratie, Rania Amdouni a été la cible d’une campagne de dénigrement alimentée par des syndicats policiers après avoir participé à des manifestations contre la répression policière en janvier.
« Son arrestation s’est déroulée alors qu’elle venait porter plainte à la suite d’une agression dont elle a été victime dans la rue en raison de son physique jugé “non conforme” aux stéréotypes de genres », expliquent, dans un communiqué commun, plusieurs dizaines d’associations et militants tunisiens, marocains, algériens ou français : « Comme beaucoup de militants LGBTQI+, Rania est menacée au quotidien dans la rue et dans les lieux publics, par les forces de l’ordre comme par des citoyen-ne-s anonymes. »
« Une dérive policière et judiciaire »
Pour les auteurs de ce communiqué, dont la Ligue tunisienne des droits de l’homme et l’Organisation contre la torture en Tunisie, « Rania est aujourd’hui la cible d’une dérive policière et judiciaire que les autorités tunisiennes ont choisi de privilégier en réponse à la crise économique, sociale et politique qui asphyxie le pays ». Ces ONG ont également appelé à libérer les jeunes incarcérés lors de mobilisations sociales en janvier, plus de « 2 000 » selon elles.
Dans un autre communiqué publié mardi, Amnesty International a de son côté déploré les poursuites contre Rania Amdouni, qui envoient « un message inquiétant aux militants victimes de harcèlement ». « S’ils osent dénoncer des violations commises par la police, de victimes ils risquent de se retrouver accusés », a déploré Amna Guellali, vice-directrice d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Estimant « choquant » que Rania Amdouni soit condamnée à six mois de prison « simplement pour des propos jugés injurieux envers la police », Amnesty a également appelé à abandonner les poursuites « fallacieuses » contre elle.
La Tunisie, sous le joug d’un régime policier jusqu’en 2011, a fait depuis d’importantes avancées en matière de liberté d’expression, mais les systèmes sécuritaire et judiciaire ont été peu réformés. Les relations homosexuelles restent passibles de prison.
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