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L’alliance « des thés au lait », ou la solidarité des jeunesses asiatiques contre l’autoritarisme

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Rassemblement de l’« alliance des thés au lait » en soutien aux manifestants pro-démocratie de Birmanie, à Bangkok, le 28 février. Rassemblement de l’« alliance des thés au lait » en soutien aux manifestants pro-démocratie de Birmanie, à Bangkok, le 28 février.

Quand ils partagent sur les réseaux sociaux les dernières exactions de la soldatesque, nombre de jeunes Birmans mentionnent aujourd’hui le hashtag #MilkTeaAlliance, « l’alliance des thés au lait ». Tout comme les Thaïlandais et les Honkongais, soit pour exprimer leur solidarité avec les manifestants du Myanmar, soit pour revendiquer la libération de leurs militants respectifs emprisonnés – comme le fit, le 21 novembre 2020, le jeune leader politique hongkongais Joshua Wong en publiant une lettre ouverte de soutien aux manifestants thaïlandais au nom des « militants hongkongais en détention ».

A Taïwan, des internautes ordinaires, mais aussi des politiciens, et même la représentante officielle de Taïwan aux Etats-Unis, ont invoqué « l’alliance » pour rappeler l’attachement inconditionnel de l’île à la démocratie, et son aspiration à servir de modèle, dans une région où elle est sérieusement malmenée.

Sur les dessins brandis dans les manifestations ou diffusés en ligne sous la bannière MilkTeaAlliance, des tasses de thé symbolisent la manière populaire de consommer ce breuvage dans ces territoires (au lait à Hongkong, glacé et avec des boules de tapioca à Taïwan, sucré en Thailande ou à la mode taïwanaise), qui se distinguent du thé nature et austère que lampent à cours de journée les habitants de Chine populaire.

« Ces thés au lait déclinent des spécificités locales, mais on retrouve dans ces mouvements des valeurs communes : la défense de la démocratie, de l’Etat de droit, de la liberté, une lutte contre l’usurpation du droit du peuple à choisir sa destinée », rappelle la sinologue Chloé Froissart, de l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), lors d’un séminaire en ligne organisé le 10 mars par Asialyst, le site français spécialisé sur l’Asie.

S’opposer à des reprises en main autoritaires

Car si des solidarités se tissent entre les jeunesses politiquement engagées d’Asie, c’est pour s’opposer à des reprises en main autoritaires qui puisent dans la boîte à outil du géant chinois et se réclament, plus ou moins explicitement, du discours anti-valeurs universelles en vogue à Pékin.

A l’origine, « l’alliance » est née d’une rixe en ligne, en avril 2020, qui opposa des internautes thaïlandais, hongkongais et taïwanais à des hordes de trolls chinois soutenus par l’ambassade de Chine à Bangkok et le Global Times, le quotidien chinois va-t-en guerre. Un acteur thaïlandais avait d’abord été pris à partie par des ultranationalistes chinois pour avoir écrit « pays » sous des photos de Taïwan et Hongkong et dut s’excuser pour ce crime de lèse-majesté géopolitique. Puis sa petite amie, mannequin, se vit accusée d’avoir retweeté l’hypothèse d’une origine laborantine du coronavirus en Chine. Appuyés par les Hongkongais et les Taiwanais, les Thailandais ripostèrent par des bordées de caricatures et de moqueries.

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