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Comment augmenter les salariés de deuxième ligne?

Et de trois pour le Premier ministre Jean Castex. Depuis sa nomination en juin 2020, l’hôte de Matignon tente de cajoler les partenaires sociaux pas très écoutés par l’exécutif depuis le début quinquennat. Pour cette troisième grande messe ce lundi 15 mars, réalisée en visioconférence, coronavirus oblige, le chef du gouvernement a pris soin d’évacuer d’emblée les sujets qui fâchent comme la réforme de l’assurance chômage, ou les déficits sociaux.

L’ordre du jour est plus consensuel: comment débrancher progressivement les aides massives de l’Etat aux salariés et entreprises. En clair, quel est le bon calendrier alors que la circulation du virus repart à la hausse, notamment en Ile-de-France? Pour le leader la CFDT, Laurent Berger, il faut anticiper et éviter un arrêt trop brutal.

Autre sujet primordial: la question des travailleurs dits de deuxième ligne, ces actifs particulièrement exposés à la pandémie et concentrés dans quelques secteurs indispensables à la continuité de l’économie comme la propreté, le transport routier, le bâtiment, l’agroalimentaire… Le Premier ministre souhaite aborder la délicate question de leur rémunération et conditions de travail, peu enviables pour bon nombre d’entre eux.

Lire aussiLe prix d’une hausse des salaires pour la « deuxième ligne »

Challenges a interrogé l’économiste Patrick Artus pour savoir comment les augmenter.

Challenges:

as très écoutés par l’exécutif depuis le début quinquennat. Pour cette troisième grande messe ce lundi 15 mars, réalisée en visioconférence, coronavirus oblige, le chef du gouvernement a pris soin d’évacuer d’emblée les sujets qui fâchent comme la réforme de l’assurance chômage, ou les déficits sociaux.

L’ordre du jour est plus consensuel: comment débrancher progressivement les aides massives de l’Etat aux salariés et entreprises. En clair, quel est le bon calendrier alors que la circulation du virus repart à la hausse, notamment en Ile-de-France? Pour le leader la CFDT, Laurent Berger, il faut anticiper et éviter un arrêt trop brutal.

Autre sujet primordial: la question des travailleurs dits de deuxième ligne, ces actifs particulièrement exposés à la pandémie et concentrés dans quelques secteurs indispensables à la continuité de l’économie comme la propreté, le transport routier, le bâtiment, l’agroalimentaire… Le Premier ministre souhaite aborder la délicate question de leur rémunération et conditions de travail, peu enviables pour bon nombre d’entre eux.

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Challenges a interrogé l’économiste Patrick Artus pour savoir comment les augmenter.

Challenges: Qui sont les salariés de deuxième ligne?

Patrick Artus: Ces actifs sont particulièrement mis à contribution pendant cette crise sanitaire. Pour eux, le télétravail n’est pas permis et ils s’exposent plus que les autres au risque du Covid-19. De plus, ils travaillent principalement dans quelques grands secteurs comme l’agroalimentaire, la construction, l’hôtellerie-restauration, les services à la personne, l’enseignement et dans les métiers de la santé. Soit environ 12 millions de personnes dont 8 exerçant une activité dans le secteur privé.

Faut-il les augmenter?

La pression sociale augmente jour après jour pour augmenter leur salaire qui avoisine souvent le smic (1.200 euros mensuels). Certes, la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a lancé une mission à l’automne dernier pour identifier les métiers concernés et la méthodologie à suivre. Un rapport est attendu dans les prochaines semaines, une concertation avec les partenaires sociaux devant être lancée dans la foulée.

Comment augmenter leur rémunération sans faire grimper le coût du travail?

D’emblée, une piste doit être écartée: une revalorisation du salaire minimum. Car une augmentation de 1% du smic détruit mécaniquement 2% de l’emploi non qualifié. De plus, la hausse du salaire minimum s’appliquerait dans les secteurs, ce qui pénaliserait les entreprises exportatrices et donc soumises à la concurrence internationale.

La prime d’activité est-il alors un meilleur outil?

Une autre piste serait d’augmenter la prime d’activité, un outil efficace qui présente un double avantage: booster le pouvoir d’achat des ménages modestes et préserver la compétitivité des entreprises. Emmanuel Macron a d’ailleurs utilisé cette mesure pour sortir par le haut de la crise des Gilets Jaunes, ce qui a coûté 10 milliards d’euros à l’Etat en 2020. Sauf qu’actuellement, ce n’est pas la bonne solution car la prime d’activité est très dégressive: la revaloriser, alors qu’une partie des Français perdent déjà de l’argent à cause de l’activité partielle, engendrerait des pertes de revenus importants pour beaucoup de bénéficiaires.

Comment faire alors?

Il reste une voie: revaloriser les minimums de branches professionnelles. L’avantage est clair: cette hausse concernerait toutes les entreprises d’un même secteur, ce qui ne fausserait pas la concurrence car elles pourraient la répercuter en même temps dans leur prix. De plus, il n’y a pas la crainte d’une perte de compétitivité car les salariés dits de seconde ligne travaillent dans des secteurs assez peu exposés à la concurrence mondiale. En fin de compte, ce sont les consommateurs qui s’acquitteraient d’une forme de contribution: plus cher un menu au restaurant, les produits achetés dans les grandes surfaces, ou, dans le cas d’une entreprise, le nettoyage des bureaux. C’est une discussion à avoir, où nous acceptons collectivement de payer plus cher des biens et services pour que les entreprises de ces secteurs puissent payer des salaires plus élevés.

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