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« Tous les chemins mènent Draghi à Bruxelles »

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Chronique. Mario Draghi a quitté Francfort fin 2019 pour regagner Rome, mais le chemin du nouveau président du conseil italien suit toujours les méandres européens. Il passe désormais par la case Bruxelles, qui examinera à la loupe les réformes économiques de l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE). La Commission aura face à elle un dirigeant qui a résumé sa vision d’une phrase, mi-février, dans son discours d’investiture devant le Parlement : « Sans l’Italie, il n’y a pas d’Europe. Hors de l’Europe, il y a moins d’Italie. » Mais quelle Italie ?

Le pays n’a pas manqué de grands européens, d’Alcide De Gasperi, mort trois ans avant la signature du traité de Rome en 1957, au fédéraliste Altiero Spinelli, l’un des pères de l’Acte unique de 1986. L’Italie a donné des commissaires puissants, comme Mario Monti, mais aussi un président de la Commission décevant, le « professore » Romano Prodi. Et c’est un ex-premier ministre, Enrico Letta, qui préside l’Institut Jacques Delors. Aucun ne jouissait pourtant de la réputation de M. Draghi, élevé à la dignité de « sauveur de l’euro » pour avoir fait « tout ce qu’il faut » en 2012 – y compris prendre des mesures peu orthodoxes – afin de sauver la monnaie unique, et l’Europe avec elle.

M. Draghi frappe fort, le 25 février, dès son premier conseil européen, en dénonçant les ratés du programme de commandes de vaccins de la Commission et les défaillances des laboratoires pharmaceutiques ; une semaine plus tard, il bloque les doses d’AstraZeneca destinées à l’Australie. Loin d’être l’expression d’un « nationalisme vaccinal », cette décision est plus sûrement le message d’un dirigeant, inquiet du fiasco vaccinal annoncé, qui invite les Vingt-Sept à se ressaisir pour éviter une nouvelle flambée d’euroscepticisme, cette menace mortelle qui gagne du terrain sur le Vieux Continent.

Vingt ans d’austérité

Rome faisant la leçon à Bruxelles ! Quel autre premier ministre italien se serait autorisé une telle audace ? La Commission dispose pourtant d’un allié convaincu qu’un retour au premier plan politique de la troisième économie de la zone euro, aux côtés de l’Allemagne et de la France, passe par des réformes structurelles qu’elle lui réclame depuis longtemps. Matteo Renzi, président du conseil entre 2014 et 2016, avait amorcé un aggiornamento social et institutionnel, avant de verser dans une rhétorique antibruxelloise. Comme le Florentin, plus que lui peut-être, le Romain sait que son pays devra le payer au prix de profonds changements.

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