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Tandis qu’Israël se vaccine, la Palestine replonge dans l’épidémie

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Par Louis Imbert

Publié aujourd’hui à 04h21, mis à jour à 05h16

Les travailleurs s’alignent devant un bâtiment de béton nu en construction. Une équipe du Magen David Adom (l’Etoile rouge de David, l’équivalent israélien de la Croix-Rouge) prépare des seringues à l’intérieur pour vacciner les ouvriers palestiniens qui patientent depuis deux heures ce matin du mercredi 10 mars à Mishor Adumim, dans la principale zone industrielle des colonies en Cisjordanie. Ordres, contre-ordres de soldats : l’armée a envoyé des recrues arabophones, pour faciliter le contact. Depuis lundi et durant les semaines à venir, environ 80 000 Palestiniens légalement employés en Israël doivent être inoculés, et 35 000 dans les colonies.

Il a fallu trois mois pour que la campagne de vaccination israélienne contre le Covid-19, la plus rapide au monde, touche les travailleurs transfrontaliers, porteurs en puissance du virus entre la Palestine et Israël. C’est un moment de contraste brutal, comme une photographie oubliée au bain révélateur du Covid. Tandis qu’Israël rouvre depuis une semaine les bars et les clubs de danse aux heureux vaccinés (54 % de sa population a reçu une première dose), la Cisjordanie, elle, se recroqueville dans un nouveau confinement. L’épidémie y est hors de contrôle.

De gauche à droite : 1- Centre de depistage à l’Université arabe américaine de Ramallah. Les tests ne sont pas gratuits (ils coûtent 150 ILS soit 37€), donc c’est en majorité la classe moyenne palestinienne qui peut se permettre de les passer. Le Dr Nouar Qutob, chef du département des sciences de la santé de la Faculté, et son équipe, mènent des recherches intensives sur le virus et ont également mis en place un laboratoire de dépistage pour les Palestiniens. 2- Des travailleurs palestiniens attendent devant le centre de vaccination de Mishor Adumim. 3- Des agents de santé israéliens vaccinent des travailleurs palestiniens, au centre de vaccination de Mishor Adumim, en Cisjordanie, le 10 mars.De gauche à droite : 1- Centre de depistage à l’Université arabe américaine de Ramallah. Les tests ne sont pas gratuits (ils coûtent 150 ILS soit 37€), donc c’est en majorité la classe moyenne palestinienne qui peut se permettre de les passer. Le Dr Nouar Qutob, chef du département des sciences de la santé de la Faculté, et son équipe, mènent des recherches intensives sur le virus et ont également mis en place un laboratoire de dépistage pour les Palestiniens. 2- Des travailleurs palestiniens attendent devant le centre de vaccination de Mishor Adumim. 3- Des agents de santé israéliens vaccinent des travailleurs palestiniens, au centre de vaccination de Mishor Adumim, en Cisjordanie, le 10 mars.

Dans la zone industrielle de Mishor Adumim, le patron d’Omar Jalayta a été clair : il perdra son emploi s’il ne se fait pas vacciner. Ce chauffeur de Jéricho, 45 ans, employé dans une usine israélienne d’aluminium, ne s’est pas fait prier. « J’avais peur de tout autour de moi. Peur de voir ma famille », avoue-t-il. M. Jalayta a été récemment mis en congé sans solde durant deux semaines parce que son frère a été contaminé. Il présume que l’Autorité palestinienne a transmis cette information aux services de santé israéliens.

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« J’ai de la chance »

A l’ombre d’un hangar voisin, Mohammed Tmaizi, 23 ans, regarde la cohue des futurs vaccinés avec le sourire. Il préférerait ne pas y passer, mais il se fait une raison. Son père au moins ne pourra plus le confiner à l’étage inférieur de la maison familiale, à Hébron. Ses cousins ne refuseront plus de le voir, parce qu’il travaille dans une colonie juive – avant le miracle vaccinal, le virus circulait plus intensément en Israël qu’en Palestine.

« J’ai de la chance. Qui d’autre a cette opportunité ? », interroge Umm Aiman, 63 ans, employée de maison dans la colonie voisine de Maale Adumim. Sa patronne israélienne l’a déposée ce matin à l’entrée de la zone industrielle. Trois volontaires de la colonie, lycéennes pimpantes, ongles peints et lunettes noires, guident Umm Aiman dans le centre de vaccination. Quant à ses six enfants, ils attendront que l’Autorité palestinienne distribue ses propres vaccins.

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