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Leurs corps calcinés ont été rapatriés, vendredi 12 mars, au Guatemala. Une promesse du gouvernement mexicain après le massacre de ces seize migrants guatémaltèques, le 22 janvier, dans le nord-est du Mexique, épilogue glaçant de leur traversée vers les Etats-Unis. Ce drame jette une lumière crue sur la vulnérabilité des clandestins face au crime organisé, alors que l’ambitieuse réforme migratoire « humaniste » du président américain, Joe Biden, confronte son voisin mexicain au défi d’un afflux de Centraméricains.
Deux pick-up carbonisés avaient été découverts près de la ville de Camargo, dans l’Etat de Tamaulipas, frontalier avec les Etats-Unis. A l’intérieur gisaient les seize Guatémaltèques, dont quatre femmes, aux côtés des cadavres de trois Mexicains, leurs passeurs présumés. Tous tués par balles, puis brûlés. L’Etat de Tamaulipas reste le plus court chemin, à travers le Mexique, pour rejoindre le sol américain. C’est aussi la route migratoire la plus périlleuse, disputée par les cartels de la drogue, qui ont étendu leurs activités au trafic de migrants.
Douze policiers ripoux, accusés du crime, ont été arrêtés début février. Depuis, ils ont avoué. « Cette histoire sordide révèle à la fois la vulnérabilité des clandestins et la collusion des autorités avec le crime organisé », affirme Rodolfo Rubio, spécialiste de la migration à l’université El Colegio de Chihuahua, qui s’inquiète de « l’effet incitatif de la politique de Joe Biden ».
Hausse des détentions à la frontière
Dès son arrivée en janvier à la Maison Blanche, le président des Etats-Unis s’est attelé à démanteler les mesures de son prédécesseur jugées cruelles envers les migrants. En tête, le programme « Remain in Mexico » (« restez au Mexique »), instauré par Donald Trump, qui a contraint des milliers de demandeurs d’asile à attendre sur place que leurs démarches soient traitées par la justice américaine. Le plan Biden améliore aussi l’accès aux Etats-Unis des familles et des enfants non accompagnés. Sans compter le projet de régularisation, en huit ans, des 11 millions de migrants sans papiers sur le sol américain, dont la moitié de Mexicains. Même si celui-ci ne vise que les personnes présentes aux Etats-Unis au 1er janvier, l’annonce a ravivé l’espoir des Centraméricains.
Au point que les détentions de migrants à la frontière des Etats-Unis ont décollé de 28 % en février par rapport au mois précédent, selon le service américain des douanes et de la protection frontalière. La progression atteint 168 % pour les familles (18 945 détentions en février) et 68 % pour les mineurs non accompagnés (9 297 arrestations). Au total, les 100 441 interpellations réalisées en février représentent le triple de celles comptabilisées un an plus tôt (36 687).
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