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FactuelUn pays morcelé, une économie en lambeaux, un régime proscrit : le président syrien ne règne plus que par la soumission et la destruction.
Au début du soulèvement contre le régime syrien, au printemps 2011, les partisans du président Bachar Al-Assad avaient prévenu leurs adversaires : « Assad ou l’on brûle le pays. » Tartinée sur les murs, braillée dans les rassemblements prorégime, martelée dans les médias officiels, la menace était d’une brutalité limpide : la soumission ou la destruction. C’était le diktat de Damas.
Dix ans plus tard, après une guerre civile cataclysmique, Bachar Al-Assad est toujours en place. Mais il règne sur un tapis de ruines. Le pacte léonin au fondement de son pouvoir a fait le vide autour de lui. Les combats ont pratiquement cessé, le régime a survécu, mais la Syrie a implosé. Ses habitants sont à genoux et leur patrie est en lambeaux. Ce n’est plus « Assad ou l’on brûle le pays », mais « Assad et le pays carbonisé ». La soumission et la destruction.
Lui ne donne pas l’impression d’avoir changé, ou si peu. Quelques rides sur les tempes et la paire de fines lunettes qu’il chausse pour lire ses discours attestent du passage des années. Mais le quinquagénaire, arrivé à la présidence en 2000, a conservé l’allure svelte de ses débuts. Prompt à tomber le costume cravate lorsqu’il se rend sur le terrain, il arbore toujours cette apparence affable, accessible, à l’origine de la réputation de modernisme qui avait accompagné ses premiers pas sur la scène internationale. L’exact inverse de l’image compassée, rigide, vieillie avant l’âge, de son père et prédécesseur, Hafez Al-Assad. Le 8 mars, ses services ont annoncé qu’il était porteur du Covid-19, ainsi que son épouse, Asma, tout en précisant que le deux étaient « en bonne santé ».
D’ici à la fin du printemps, l’homme aura selon toute vraisemblance remporté un quatrième mandat de sept ans. Ni le calendrier du scrutin, attendu en mai-juin, ni l’identité des candidats ne sont pour l’instant connus. Mais aucun observateur ne voit Bachar Al-Assad renoncer de son propre gré à se présenter à ce plébiscite à peine déguisé. Et, en l’absence d’alternative, son protecteur russe est peu susceptible de l’empêcher de concourir, aussi agacé soit-il par ses maigres performances.
Les mains poissées de sang
Tout converge vers la réélection de ce paria aux mains poissées de sang, à qui l’on promettait, il y a quelques années, un destin funeste : l’exil, le cachot ou la tombe. « Le régime se sent victorieux car il pense que le plus dur est derrière lui, estime un diplomate étranger qui se rend régulièrement à Damas. Entre 2012 et 2014, on avait l’impression que les deux tiers de la planète étaient ligués contre lui. Les groupes armés contrôlaient la majeure partie du territoire et paraissaient sur le point de pénétrer dans la capitale. On pensait que c’était fini. »
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