Les discussions entre la France et Bruxelles sur l’avenir d’EDF entrent dans leur phase finale mais aucun accord n’a encore été trouvé dans cet épineux dossier, a indiqué jeudi le gouvernement à des syndicats toujours inquiets.
Le gouvernement français et la direction d’EDF soutiennent le projet Hercule, qui vise à réorganiser l’entreprise en trois entités pour lui donner plus de moyens et lui permettre de se développer dans les renouvelables, tout en assurant de lourds investissements dans le nucléaire.
Les syndicats du producteur d’électricité ont commencé à être informés jeudi par le gouvernement de l’avancée des longues discussions avec la Commission européenne, gardienne des règles de la concurrence.
« Il n’y a pas de date précise sur le calendrier », a indiqué à l’AFP Alain André, secrétaire fédéral FO Énergie et Mines, reçu en début de matinée par les directeurs de cabinet des ministres de l’Economie et de la Transition écologique, Bruno Le Maire et de Barbara Pompili.
« L’exercice consistait à essayer de nous convaincre que la négociation en cours avec Bruxelles est en bonne voie. Ils ont juste dit que compte tenu de l’obligation de passer derrière sur un créneau législatif, on était sur une issue imminente. Si j’ai bien compris, la cible, c’est la fin du mois », a-t-il ajouté.
– « points d’achoppement » –
Plusieurs sources gouvernementales ont confirmé que la discussion était entrée dans la dernière ligne droite, alors que le calendrier est serré pour faire aboutir une éventuelle réforme avant la présidentielle l’an prochain.
Cette perspective a fait bondir l’action EDF à la Bourse de Paris, où elle prenait 6,32% vers midi.
« Etre au bout d’une discussion ne veut pas dire que la discussion sera conclusive », a toutefois insisté jeudi une source proche du gouvernement.
« Il reste des points d’achoppement qu’ils n’ont pas détaillés mais c’est la meilleure formule selon eux. C’est évidemment loin de nous satisfaire », a complété de son côté le représentant syndical.
Les syndicats comme un large spectre de l’opposition critiquent en effet le projet de réorganisation, y voyant un risque de démantèlement d’une entreprise stratégique.
Le gouvernement insiste toutefois sur le fait qu’EDF doit rester un groupe « intégré » et public avec une direction et une stratégie uniques. L’organisation précise d’EDF fait justement l’objet des discussions les plus serrées avec Bruxelles.
« La réponse de la Commission ne nous satisfait pas: à ses yeux, seul un éclatement d’EDF en plusieurs entités se faisant concurrence est envisageable. Bruxelles ne raisonne ici qu’à travers ce prisme et celui de la part de marché », a critiqué cette semaine le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, dans l’Express.
– « ligne rouge » –
« Il y a une ligne rouge, qui est une ligne rouge absolue: pas de démantèlement d’EDF », a souligné Bruno Le Maire mercredi soir sur BFM Business.
« Si au bout du compte, la Commission européenne nous dit +il faut diviser EDF en trois entités totalement indépendantes et autonomes et il n’y a plus de service public de l’énergie autour d’EDF+, la réponse sera non », a aussi prévenu le ministre de l’Economie. « On a toujours les moyens de dire non ».
Du côté de la Commission européenne, on rappelle que les discussions avec la France sont toujours en cours. « Nous ne pouvons pas préjuger du calendrier ou du résultat de ces contacts », indique Bruxelles.
Ce dossier au long cours porte notamment sur une amélioration de la rémunération de la production nucléaire d’EDF et la résolution d’un contentieux ancien sur les concessions hydroélectriques.
EDF est aujourd’hui contrainte de vendre une partie de son électricité nucléaire à bas prix à ses concurrents, d’où l’idée de changer les règles. Mais la Commission veut notamment éviter des « subventions croisées », c’est-à-dire qu’un coup de pouce au nucléaire bénéficie à d’autres activités d’EDF au détriment de ses concurrents.
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