Une grève des exploitants de camions-citernes au Sri Lanka, en proie à une crise économique historique, a provoqué lundi de nouvelles pénuries de carburant et de longues files d’attente devant les stations-service privées d’approvisionnement.
Les convoyeurs de carburant privés réclament une augmentation de 115% de leurs honoraires, selon le ministre de l’Energie, Kanchana Wijesekera, dépassant de beaucoup l’offre de 95% formulée par la compagnie pétrolière publique Ceylon Petroleum Corp (CPC).
« Nous sommes prêts à augmenter nos tarifs, mais pas autant que ce que demandent les exploitants de camions-citernes », a-t-il déclaré, ajoutant: « si nous cédons, la CPC fera faillite ».
Seules quelques stations-service disposaient encore de stocks lundi, les convoyeurs ayant entamé leur grève samedi, ont indiqué les autorités.
« (Nous) appelons les automobilistes à patienter encore trois jours », a déclaré M. Wijesekera à la presse, « nous essayons d’engager des ravitailleurs en pétrole qui ne sont pas impliqués dans l’action syndicale en cours ».
Depuis le début de l’année, le prix de l’essence a augmenté de 90%, tandis que le diesel, utilisé par les transports publics, a augmenté de 138%.
Les convoyeurs arguent que leurs propres frais ont augmenté en raison de la hausse du prix du diesel, à laquelle s’ajoutent les coûts des assurances, des pièces détachées et des salaires qui ont grimpé en flèche avec la forte dévaluation de la monnaie sri-lankaise.
La valeur de la roupie a plongé de plus de 40% par rapport au dollar depuis mars.
L’approvisionnement en carburant s’était amélioré la semaine dernière, grâce au versement de la ligne de crédit indienne de 500 millions de dollars qui a permis d’importer du pétrole.
Depuis des mois, l’île de 22 millions d’habitants subit aussi de graves pénuries de produits alimentaires et de médicaments.
Le Sri Lanka a annoncé le 12 avril faire défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars et a ouvert des pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue d’un renflouement.
Cette crise historique, imputée à la pandémie de Covid-19 qui a privé le pays des devises du secteur touristique, a été aggravée par une série de mauvaises décisions politiques, selon des économistes.
La population proteste depuis plusieurs semaines reprochant au président Gotabaya Rajapaksa et son frère le Premier ministre Mahinda Rajapaksa d’avoir précipité le pays dans cette crise.
Des milliers de manifestants font le siège quotidien du bureau du président à Colombo depuis le 9 avril, exigeant sa démission.
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