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Au Soudan, les islamistes refont surface à la faveur du coup d’Etat

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Le général Abdel Fattah Al-Bourhane, chef du Conseil militaire de transition du Soudan, à Khartoum, le 15 septembre 2020. MAZEN MAHDI / AFP

Six mois après le coup d’Etat du général Abdel Fattah Al-Bourhane, les partis islamistes du Soudan avancent leurs pions. Alors que l’économie du pays est au bord du gouffre, que les manifestations se poursuivent contre le pouvoir militaire et qu’aucun véritable gouvernement n’a été formé malgré les promesses de la junte, ils ont annoncé, lundi 18 avril, la formation d’une nouvelle alliance, le Grand Courant islamique, actant leur retour officiel sur la scène politique

Pour l’occasion, des centaines de membres d’organisations islamistes se sont retrouvés, dans un parc de Khartoum à l’heure de la rupture du jeûne et en mémoire de la bataille de Badr, la première victoire des partisans de Mahomet, en octobre 623. De nombreux soutiens de l’ancien dictateur Omar Al-Bachir, renversé en 2019 après trente ans de règne, se pressaient ce soir-là dans la foule des galabiyyas blanches.

D’après Amin Hassan Omer, l’une des figures du mouvement islamiste soudanais, proche des Frères musulmans, l’objectif de la nouvelle coalition est de faire « renaître le pays dans la religion » et de « structurer les différents groupes islamistes » en vue des élections promises par les militaires en 2024.

La création du Grand Courant islamique a coïncidé avec la libération, le 8 avril, de treize cadres du Parti du congrès national (NCP) – la formation au pouvoir sous l’ancien régime –, acquittés par la justice après avoir été accusés d’atteinte à l’ordre constitutionnel, de financement du terrorisme et de tentative d’assassinat de l’ancien premier ministre Abdallah Hamdok, en mars 2020. Le plus éminent d’entre eux, Ibrahim Ghandour, dernier ministre des affaires étrangères d’Omar Al-Bachir, est depuis apparu à la télévision pour afficher son soutien au coup d’Etat.

Un large réseau de personnalités influentes

Le général « Bourhane cherche une base politique alors que la plupart des partis lui tournent le dos. Il n’a pas vraiment le choix. Il a besoin de soutien à l’intérieur pour former un gouvernement civil de façade afin de dégeler les aides internationales. Le deal avec les islamistes est simple : on vous sort de prison, vous récupérez votre argent et me soutenez politiquement », estime le professeur de sociologie Munzoul Assal, l’un des doyens de l’université de Khartoum, qui vient de démissionner de ses fonctions pour protester contre la nomination de fidèles du pouvoir à la tête des universités.

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