Publié le : 22/04/2022 – 18:07Modifié le : 22/04/2022 – 18:11
La justice turque devrait rendre son jugement lundi après des années de procédure contre Osman Kavala. Accusé d’avoir pris part à une tentative de Coup d’État en 2016, cette figure de l’opposition au régime de Recep Tayyip Erdogan risque la prison à vie. Celui que ses détracteurs surnomment « le milliardaire rouge » a dénoncé vendredi lors d’une énième audience « un acte d’accusation étrange basé sur des théories du complot et de faux témoignages ».
C’est bientôt la fin d’un marathon judiciaire pour Osman Kavala : le philanthrope turc, détenu sans jugement depuis quatre ans et demi, devrait être fixé lundi sur son avenir, après avoir dénoncé vendredi 22 avril face aux juges l’influence du président Recep Tayyip Erdogan sur son procès.
Le tribunal d’Istanbul, qui multiplie les audiences et le maintient chaque fois en détention, a renvoyé à lundi 10 heures (7 heures GMT) les plaidoiries de ses défenseurs, avant l’énoncé du verdict, a constaté une journaliste de l’AFP.
Pour la première fois depuis de longs mois, Osman Kavala, 64 ans, a pris la parole par visioconférence depuis sa cellule de la prison de Silivri, à l’ouest d’Istanbul, pour dénoncer « un acte d’accusation étrange basé sur des théories du complot et de faux témoignages ».
Osman Kavala, devenu au fil des ans la bête noire du régime, est accusé d’avoir financé les manifestations anti-gouvernementales de 2013 et d’avoir pris part au complot menant à la tentative de coup d’État de juillet 2016, ainsi que d’espionnage.
Ces accusations, qu’il a toujours niées, lui font encourir la prison à vie et exposent Ankara à la réprobation internationale et à des sanctions européennes.
Le philanthrope a insisté sur le fait qu’il n’avait « jamais été interrogé par le procureur à aucun stade de la procédure », ce qui constitue « un manquement grave à ses obligations », a-t-il relevé.
« Je n’attends rien et j’essaie de ne rien espérer »
Le mois dernier, les procureurs avaient réclamé sa condamnation pour « tentative de renversement » du gouvernement – soit une peine de prison à vie sans possibilité de libération anticipée.
Osman Kavala est jugé en même temps que sept des 16 autres accusés pour les manifestations de 2013 – neuf d’entre eux ayant fui à l’étranger.
Les militants des droits humains espèrent encore une libération qui enverrait un signal positif, alors que la Turquie essaie de faciliter les pourparlers entre l’Ukraine et la Russie.
« Osman Kavala est l’un des plus éminents prisonniers de Turquie, mais l’attention qui lui est portée ne l’a pas empêché de subir de graves injustices aux mains du système », relève Guney Yildiz, d’Amnesty International en Turquie.
Pour l’intéressé, « avoir passé quatre ans et demi de ma vie en prison ne pourra jamais être compensé. La seule chose qui pourra me consoler sera d’avoir contribué à révéler les graves erreurs de la justice », a-t-il lancé aux juges.
Son épouse Ayse Bugra, dans une déclaration à la chaîne France 24, a assuré ne pas comprendre ce que la justice lui reproche : « Mon mari n’est affilié à aucun parti politique, organisation ou mouvement, donc c’est assez étrange », a-t-elle relevé. « Je n’attends rien et j’essaie de ne rien espérer surtout, parce que l’espoir déçu est dévastateur ».
Avec AFP
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