Le Danemark aurait-il abandonné sa politique migratoire ultrarestrictive ? C’est en tout cas l’impression que pourrait donner la « loi spéciale », adoptée par le Parlement à Copenhague, le 16 mars, et qui vise à faciliter l’accueil des Ukrainiens fuyant l’invasion russe dans leur pays. Mais, pour les ONG et défenseurs du droit d’asile, le texte et les débats qui ont accompagné son vote ont surtout révélé le caractère discriminatoire de la politique d’accueil du pays.
Proposée par le gouvernement social-démocrate, la loi spéciale vise à aligner les conditions d’accueil des réfugiés ukrainiens sur celles de l’Union européenne. Ayant négocié une exemption sur la justice et les affaires intérieures après le rejet par référendum du traité de Maastricht en 1992, le Danemark n’a pas ratifié la directive sur la protection temporaire, activée le 4 mars à Bruxelles, pour les Ukrainiens.
A Copenhague, le ministre de l’immigration, Mattias Tesfaye, a justifié l’adoption du texte par « l’énorme pression » qui menaçait le système d’asile, « si tous les réfugiés ukrainiens devaient faire l’objet d’une évaluation individuelle pour savoir s’ils ont droit à une protection au Danemark ». M. Tesfaye table sur l’arrivée d’au moins 20 000 personnes dans les prochains mois, alors que son pays de 5,8 millions d’habitants a enregistré 2 095 demandes d’asiles en 2021.
Protection automatique
Grâce à la loi spéciale, les Ukrainiens obtiendront automatiquement la protection temporaire pour deux ans renouvelables. Ce statut leur donnera le droit de travailler, de scolariser leurs enfants et d’accéder aux soins et à l’aide sociale. Chargées de leur accueil, les communes devront également leur fournir des logements.
Dès le 24 février et le début de l’offensive russe, la première ministre, Mette Frederiksen, avait fait savoir que le Danemark accueillerait les Ukrainiens à bras ouverts. A des journalistes qui lui rappelaient ses déclarations en janvier 2021, quand elle visait « zéro demandeur d’asile », la cheffe des sociaux-démocrates avait rétorqué que sa politique avait toujours été de soutenir les réfugiés « dans leur voisinage ». « Nous considérons l’Ukraine comme faisant partie de notre voisinage », a-t-elle précisé.
L’argument est depuis répété inlassablement par les sociaux-démocrates, y compris par le ministre du développement, Flemming Moller Mortensen, afin de justifier le financement de l’accueil des Ukrainiens par l’aide publique au développement, à hauteur de 2 milliards de couronnes (près de 268,6 millions d’euros). « C’est la politique du gouvernement que les réfugiés soient aidés dans leur région immédiate », a-t-il expliqué à l’agence Ritzau. Or « maintenant, malheureusement, nous nous retrouvons dans une situation où nous-mêmes, au Danemark, sommes devenus une zone de voisinage de la guerre de Poutine en Ukraine. »
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