« Plusieurs plaintes » ont été déposées après le blocage samedi d’un train transportant des céréales destinées à la fabrication d’aliments pour bétail et le déversement sur les voies d’une partie de la cargaison, près de Pontivy, par une cinquantaine de manifestants opposés à l’agriculture industrielle, a fait savoir dimanche la préfecture du Morbihan.
« Plusieurs plaintes ont été déposées, il appartiendra aux autorités judiciaires d’apporter les réponses appropriées et de caractériser l’infraction pénale de ces actes », a indiqué la préfecture dans un communiqué.
« Cet acte de gaspillage alimentaire est scandaleux au moment même où la France doit consolider sa capacité de production nourricière dans un contexte international difficile », considère l’institution.
« L’attaque de ce train a généré la perte d’un tonnage important de blé et un lourd préjudice financier », précise la préfecture, qui « condamne avec la plus grande fermeté cet acte ».
Une cinquantaine de militants, réunis à l’appel du Collectif « Bretagne contre les fermes usines », ont bloqué samedi matin, à Noyal-Pontivy (Morbihan), un train de marchandises destiné à une usine voisine d’aliments pour bétail, appartenant à Sanders, filiale du groupe Avril. Les militants pensaient intercepter une cargaison de soja, ont-ils expliqué, alors qu’il s’agissait de blé.
Ces militants ont édifié un mur en parpaings en travers des voies ferrées afin de symboliser « un mur en travers des voies de l’agro-industrie », ont-ils expliqué.
« Le système d’élevage hors-sol va droit dans le mur, nous devons mettre l’agro-industrie à terre », ont-ils affirmé dans un communiqué.
Dans un élevage hors-sol, sans terres suffisantes autour de l’exploitation pour pouvoir cultiver et produire l’alimentation nécessaire pour les animaux, le bétail est nourri pour partie par des protéines importées, dont des tourteaux de soja provenant notamment d’Amérique du sud.
Le Collectif prône « une agriculture paysanne, vivante, agroécologique, territorialisée, créatrice d’emplois et rémunératrice ».
Cette action a suscité de nombreuses réactions. Samedi en fin de soirée, le ministre de l’Agriculture, Julien de Normandie, a tweeté: « Simplement inadmissible! Mais aussi totalement irresponsable: détruire des productions de céréales alors que beaucoup de pays en manquent en ce moment… c’est affligeant. La justice doit passer ».
Un peu plus tôt dans la soirée, la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA), la chambre régionale d’agriculture ainsi que le Crédit Agricole et Groupama notamment, avaient dénoncé « une action scandaleuse de la part de militants déconnectés des réalités et agissant contre l’intérêt général », en appelant à « une réaction de l’Etat pour mettre un terme aux actes de toutes formes remettant en cause notre agriculture ».
Dimanche, dans « Dimanche en politique » sur France 3, Yannick Jadot a également critiqué cette action: « Je ne soutiens pas des actions qui aujourd’hui mettent des céréales dont on a besoin partout sur la voie. Je ne soutiens pas cette action-là. Ce que je porte moi, c’est un modèle de souveraineté alimentaire. Pendant des années et des années, la politique a été sous la pression de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) qui a décidé pour ce gouvernement de notre agriculture », a affirmé le candicat EELV à la présidentielle, ajoutant: « C’est un problème quand la politique du gouvernement est faite par les lobbies ».
Plusieurs filières de l’agriculture bretonne, première région agricole française où domine l’élevage, traversent une crise profonde et induisent des effets négatifs sur l’environnement, qu’il s’agisse du phénomène des algues vertes ou de la qualité de l’air.
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