France World

Guerre en Ukraine : le secteur financier ne croit pas à un nouveau « Lehman Brothers »

AUREL

L’incertitude règne parmi les financiers de la planète. Comme l’a déclaré le patron de Société générale, Frédéric Oudéa, en interne, « c’est une crise dont il est encore aujourd’hui difficile de comprendre l’issue et toutes les conséquences ».

La guerre menée par la Russie en Ukraine comme les sanctions économiques, d’une ampleur inégalée, infligées à Moscou en représailles par les alliés occidentaux, pourraient-elles produire l’effet d’un nouveau « Lehman Brothers » ? En 2008, la faillite de cette banque d’investissement américaine avait précipité la crise financière mondiale.

A ce jour, le secteur financier ne croit pas à un tel risque de contagion, même s’il reste attentif à l’évolution de la situation militaire en Ukraine, à la position de la Chine à l’égard de la Russie et au marché des hydrocarbures.

Les sanctions adoptées à un rythme inédit par l’Occident à l’encontre de Moscou, dirigées à la fois contre la banque centrale russe et contre plusieurs grandes banques, débranchées du réseau financier international Swift, ont paralysé une partie du système bancaire et financier du pays, provoqué un effondrement du rouble et abîmé l’économie russe, plongée dans une forte inflation. La Bourse de Moscou a ainsi été fermée par le Kremlin, le 28 février, pour retenir les capitaux étrangers.

Pour autant, Nicolas Véron, économiste du centre de réflexion européen Bruegel et au Peterson Institute de Washington, ne constate pas d’« instabilité du système financier international ». « Le découplage de la Russie du système financier occidental a déjà eu lieu, analyse-t-il. Le marché a largement anticipé l’éviction des banques occidentales du pays, et l’évacuation des banques russes d’Europe occidentale est en cours. La banque centrale russe a été suspendue de la Banque des règlements internationaux » considérée comme la banque centrale des banques centrales. « Or cette séparation a été absorbée, dit-il, sans provoquer de risque systémique. »

Le secteur financier aborde en outre cette crise avec une bonne capacité de résistance. La réglementation internationale dite « Bâle III », adoptée après la crise de 2008, a imposé aux banques de constituer des matelas de capitaux pour résister aux chocs.

« Par rapport à l’époque de Lehman Brothers, il y a aujourd’hui énormément de liquidités dans le marché. De plus, les banques centrales ont l’expérience désormais des situations de crise extrême et disposent encore d’outils pour stabiliser le risque financier », explique David Benamou, associé gérant chez Axiom. Pour ce dernier, « nous ne sommes pas à l’abri de la faillite d’un fonds. Avec la hausse des prix des matières premières et la chute du rouble, les couvertures constituent un risque financier. Il peut donc y avoir des incidents spectaculaires, mais pas comparable à 2008 ».

Il vous reste 58.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Guerre en Ukraine : le secteur financier ne croit pas à un nouveau « Lehman Brothers » est apparu en premier sur zimo news.