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Ni neutres ni cobelligérants : l’équilibrisme des Occidentaux dans la guerre en Ukraine

Des membres des forces de défense territoriale ukrainiennes s’entraînent à utiliser une arme antichar NLAW dans la banlieue de Kiev, le 9 mars 2022. EFREM LUKATSKY / AP

La guerre en Ukraine est d’une clarté rare. L’identité de l’agresseur – la Russie – ne peut être contestée, de même que l’absence de toute justification humanitaire ou sécuritaire crédible à son entreprise de destruction. En revanche, le brouillard s’installe lorsqu’il s’agit d’évaluer la nature de l’intervention des alliés en faveur de l’Ukraine. Il y a les principes et leur interprétation, le droit et la morale. Il y a aussi les lignes rouges qu’on dessine en public et le flou entretenu dans leur mise en œuvre.

« Nos forces ne sont pas et ne seront pas engagées dans le conflit avec la Russie en Ukraine », a répété Joe Biden le 24 février. « Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie », a déclaré Emmanuel Macron le 2 mars. S’exprimant la veille devant le Sénat, la ministre des armées, Florence Parly, avait expliqué qu’un « engagement direct de nos forces ou de celles de nos alliés pour soutenir l’armée ukrainienne face à la Russie n’est pas une option. Il ferait de nous des cobelligérants de ce conflit ».

Sur le plan militaire, la ligne de crête sur laquelle avancent les alliés se dessinait avant même le début de la guerre initiée par le Kremlin. Elle se résume ainsi. Une implication militaire directe en Ukraine, contre la Russie, est exclue. Les risques d’un conflit de vaste envergure, débordant sur le territoire de pays de l’OTAN, sont trop sérieux. Il s’agit donc de contenir les combats sur le sol ukrainien, sans pour autant abandonner sa population à son funeste sort. Des livraisons d’armes dites « défensives » ont donc été organisées, en quantité importante, pour retarder au maximum l’avancée des troupes russes, contester le contrôle de l’espace aérien, compromettre leur moral, désorienter leur état-major.

Le droit légitime de l’Ukraine à se défendre

Sur la question des livraisons d’armes, le droit international est assez clair. Un pays n’est pas considéré comme belligérant tant qu’il s’en tient à l’envoi d’équipements ou au financement. Même chose pour la formation ou l’entraînement de groupes armés. En revanche, dès lors qu’un pays coordonne ces forces, même à distance, ou planifie des opérations de combats, il devient « une partie » au conflit, selon la formule juridique consacrée.

Plusieurs précédents historiques ont poussé les Occidentaux à choisir cette ligne de crête. En 1999, face aux craintes de purification ethnique contre les Albanais au Kosovo, l’OTAN avait fait le choix de bombarder des cibles serbes sans mandat de l’ONU. Une décision dénoncée sans relâche, depuis, par Moscou. L’intervention de l’Alliance atlantique en Libye, en 2011, qui a contribué à la chute de Mouammar Kadhafi, s’est faite, elle, sous mandat de l’ONU. Mais le principe de la « responsabilité de protéger », invoqué à l’époque, ne peut l’être cette fois-ci pour une raison évidente : le blocage russe comme membre permanent au Conseil de sécurité.

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