Tribune. La déconnexion des banques russes du système de messagerie Swift (acronyme de Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) à partir du 12 mars a été décrite dans la presse comme « l’un des outils les plus puissants dont disposent les autorités occidentales pour punir la Russie ». Mais si le fait de débrancher les banques russes peut envoyer un message politique clair, l’impact économique de cette seule mesure n’est peut-être pas aussi efficace qu’on le dit.
Swift est un réseau reliant plus de onze mille institutions financières dans plus de deux cents pays. Depuis sa création en 1973, Swift est devenu synonyme de paiements internationaux. Mais il est important de noter que Swift ne traite pas les paiements, ni ne détient ou ne transfère de fonds : il permet seulement l’échange de messages sécurisés relatifs aux paiements entre ses membres. Les paiements réels sont traités par les banques, et non par Swift.
Pas d’incidence nationale
Il convient en outre de noter que les monnaies sont des systèmes en circuit fermé. Lorsqu’un transfert étranger est effectué, la devise n’est pas physiquement transférée à l’étranger. Au lieu de cela, les banques fournissent des comptes à leurs homologues étrangers et ont leurs propres comptes chez leurs homologues étrangers. Les banques s’appuient sur le réseau des « correspondants bancaires », qui consiste à utiliser plusieurs banques pour s’assurer que le paiement parvient au titulaire du compte prévu.
Ce réseau permet aux banques d’effectuer des paiements en devises étrangères. D’autres prestataires de services de paiement, par exemple les agents de transfert d’argent tels que PayPal ou Wise, ainsi que les prestataires fintech émergents, utilisent également le réseau interbancaire. Swift est l’infrastructure qui sous-tend le réseau des correspondants bancaires.
Cependant, l’impact de l’interdiction sur les banques russes pourrait ne pas être aussi pertinent que prévu.
Tout d’abord, Swift étant un système de messagerie, les messages concernant les transferts de fonds peuvent circuler en utilisant d’autres réseaux, bien que potentiellement moins sécurisés, y compris la messagerie instantanée ou le bon vieux fax.
Deuxièmement, l’exclusion de Swift n’a pas d’incidence sur le secteur bancaire russe national. En 2014, la Banque centrale de Russie a en effet mis en place un système national de cartes de paiement (NPCS), par lequel tous les paiements domestiques russes sont traités. La Russie a par ailleurs créé le réseau national de cartes de paiement Mir fin 2015, sous l’impulsion des sanctions américaines et européennes liées à l’annexion de la Crimée.
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