Où s’arrêtera la flambée du prix du blé ? La question est sur toutes les lèvres, alors que le grain doré bat des records historiques jour après jour. « Aujourd’hui, sur la place de marché Euronext, la tonne de blé rendu à Rouen se négocie à 412 euros et celle rendue à La Pallice à 440 euros. C’est du délire ! », commente Eric Thirouin, président de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB). Même folle envolée des cours de la céréale outre-Atlantique. Mardi 8 mars, en séance, le boisseau de blé a tutoyé un plus haut jamais atteint à 13,63 dollars, avant de se replier à 12,80 dollars. Soit une hausse de 70 % depuis le début de l’année.
Les stocks bloqués dans les ports russes et ukrainiens
Depuis l’invasion de l’Ukraine orchestrée par Vladimir Poutine par les troupes russes, les investisseurs tentent d’anticiper les conséquences de cette guerre sur le marché mondial du blé, hautement stratégique. Concrètement, les flux maritimes emportant les marchandises d’Ukraine sont au point mort. Et la situation dans les ports russes n’est guère plus fluide. « Nous avons du stock dans le port d’Odessa, mais nous ne pouvons pas honorer les commandes. Comme celle de l’Algérie, qui nous demandait 90 000 tonnes de blé ukrainien », explique Thierry Blandinières, directeur général de l’union des coopératives InVivo, qui a racheté depuis peu le groupe céréalier Soufflet implanté en Ukraine. Il précise que les stocks de blé sur place sont bien protégés.
L’Ukraine, quatrième exportateur mondial cette année, avec un total de 24 millions de tonnes, disposerait de près de 6 millions de tonnes de blé encore à écouler et pour l’instant bloqués. Quant à la Russie, elle devait garder son titre de premier exportateur mondial avec 35 millions de tonnes, dont il reste encore 8 à vendre. Des positions-clés dans le jeu mondial des échanges de la précieuse céréale, bousculé par la crise en Ukraine. « La situation est d’autant plus tendue que nous sommes en fin de campagne et qu’il y a 14 millions de tonnes de blé à charger dans ces deux pays », souligne Philippe Chalmin, professeur à l’université Paris-Dauphine.
Un risque de crise alimentaire dans les pays fragiles
Face à ce brusque arrêt des exportations, des pays importateurs sont sur les dents. En particulier l’Egypte, plus gros acheteur de blé au niveau mondial avec un volume de près de 12 millions de tonnes. Ou l’Algérie avec 8 millions de tonnes. Mais aussi la Tunisie et le Maroc. « L’Egypte a encore trois ou quatre mois de stock », estime Jean-François Loiseau, président de l’interprofession céréalière française, Intercéréales. Ces pays du pourtour méditerranéen sont devenus très dépendants de la Russie et de l’Ukraine. Pour Le Caire, cela représente 80 % de ses approvisionnements, même s’il a tenté de diversifier ses sources en se tournant vers la Roumanie, en 2021. Même l’Algérie, partenaire commercial historique de la France, snobait le blé tricolore lui préférant son homologue russe ou ukrainien, au prétexte d’un cahier des charges modifié. La filière céréalière française, avec un stock estimé à 3,5 millions de tonnes, est prête à profiter de ce contexte de marché.
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