« Fascistes ! Fascistes ! » « Poutine tu es foutu ! », « Navire russe, va te faire foutre ! » Depuis samedi 5 mars, les slogans résonnent chaque jour à 10 heures dans le centre-ville de Kherson, la première grande ville ukrainienne tombée aux mains des Russes, trois jours plus tôt. Un acte de bravoure, tant crier son opposition à l’occupation est périlleux pour les 290 000 habitants de cette métropole du sud du pays. Lors de la première manifestation, quelque 8 000 personnes, arborant des drapeaux ukrainiens, s’étaient réunies sur la place principale pour exhorter les Russes à « rentrer chez eux ».
Les témoignages recueillis par Le Monde disent tous combien l’offensive à grande échelle de Moscou et les bombardements sans distinction ont dressé la population locale contre ceux qu’elle désigne désormais pour ce qu’ils sont, des « occupants ». « Le nombre de personnes qui descendent dans la rue est impressionnant, s’étonne Déméntii Bilyi, journaliste et analyste politique ukrainien installé à Kherson. Pourtant, les transports publics ne fonctionnent pas, mais les gens se débrouillent pour venir comme ils peuvent. »
Samedi, la foule a avancé vers le bâtiment central de Kherson sous le regard des snipers, postés aux fenêtres. Sur la place, les soldats russes ont tiré en l’air pour tenter de la repousser. « Mais il y avait tellement de monde que les occupants ont fini par attendre en silence », poursuit le journaliste.
« Que les Russes rentrent chez eux »
Oleksandr Moudriy, 33 ans, est de toutes les manifestations. La propagande russe, qui présente l’invasion en Ukraine comme une opération visant à « libérer » la population, qui serait otage d’un gouvernement « nazi », le met hors de lui. « Que les Russes rentrent chez eux, on n’a pas besoin d’être libérés par nos ennemis, enrage ce comédien et père de famille. Il n’y a pas de nazis, ici. Les Russes sont des occupants, et Poutine est un tueur. » A ses yeux, ce sont au contraire les Russes qui se comportent comme des « fascistes » et des « nazis ».
« Zelensky est notre président, on est fiers de lui, et on ne veut personne d’autre à la place, lance Oleksandr, en référence au projet du Kremlin de décapiter l’Ukraine pour installer un gouvernement fantoche à la place. La Russie n’est pas un pays, c’est une immense prison. Moi je veux pouvoir voyager, dire ce que je veux, voter librement. Je veux que ma fille puisse choisir la vie qu’elle veut. Nous avons besoin d’aide. Nous avions une belle vie paisible avant l’arrivée des Russes. »
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