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En Côte d’Ivoire, Abidjan meurtrie par des effondrements d’immeubles à répétition

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L’immeuble de quatre étages qui s’est effondré dans le quartier d’Angré, à Abidjan. YASSIN CIYOW

Sherifa Tolaniya est inconsolable. Cette jeune femme de San Pedro, grande ville portuaire du sud-ouest de la Côte d’Ivoire, était arrivée à Abidjan il y a quelques jours pour préparer le mariage de son petit frère, Rafiu, prévu pour le 20 mars. Mais la fête n’aura pas lieu. Dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7 mars, l’immeuble de quatre étages dans lequel vivaient son frère, sa fiancée et leurs deux enfants s’est effondré, tuant sur le coup les quatre membres de la famille. « Au lieu de tenues pour le mariage, nous allons devoir en prévoir pour les funérailles », murmure-t-elle.

Le bilan est lourd : six personnes ont perdu la vie et trente ont été blessées, dont treize sont encore hospitalisées. Le premier ministre ivoirien, Patrick Achi, s’est rendu lundi sur les lieux pour témoigner de « la compassion de la nation aux victimes ». Il a indiqué qu’une enquête avait été ouverte et assuré que « la loi s’appliquera dans toute sa rigueur ».

Chez Sherifa Tolaniya, la douleur se mêle à la colère. Autour d’elle, à Angré, ce nouveau quartier résidentiel du nord d’Abidjan, les langues se délient. La famille de son frère y avait emménagé fin janvier. Les précédents locataires avaient prévenu : l’immeuble faisait des « bruits étranges » et fuyait de partout. Mais Rafiu, un petit commerçant, n’avait guère le choix et devait loger les siens. Il avait payé son premier loyer auprès de la propriétaire de l’immeuble, qui avait « ignoré ses remarques », explique sa sœur.

Les proches des victimes et les riverains racontent la même histoire : les résidents ont alerté à maintes reprises la propriétaire et les autorités sur la vétusté de l’édifice, sans que rien ne soit jamais entrepris.

« Le ministre doit démissionner »

Pis, aucun permis de construire n’avait été délivré pour cet immeuble. Une situation qui n’a rien d’exceptionnel puisqu’elle concerne 80 % des chantiers de logements à Abidjan, selon le ministère de la construction. « Le processus normal est connu de tous mais n’est bien souvent pas respecté », observe Joseph Amon, président de l’ordre des architectes. S’il y a des malfaçons, c’est qu’il manque un bout de la chaîne, estime-t-il, prêchant pour sa paroisse : « Les maîtres d’ouvrage ne prennent parfois pas la peine d’appeler un architecte pour la réalisation des travaux, afin de ne pas payer d’honoraires. »

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