Au douzième jour de l’invasion de l’Ukraine, la Russie a manié, lundi 7 mars, une arme aux effets psychologiques redoutables pour la population ukrainienne : l’annonce de cessez-le-feu locaux et l’ouverture de « couloirs humanitaires » censés faciliter l’évacuation de civils. Faite dans la matinée, la proposition aurait dû concerner plusieurs cités, dont la capitale, Kiev, désormais encerclée par l’armée russe, et Kharkiv, dans l’Est, bombardée depuis plusieurs jours.
En réalité, les deux tiers de ces couloirs devaient rejoindre la Russie ou son allié biélorusse. Résultat : les autorités ukrainiennes ont refusé l’évacuation de leurs ressortissants par le biais de ces corridors, placés de fait sous contrôle russe. « Ce n’est pas une option acceptable », a répondu la vice-première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk. « Il y a eu un accord sur les couloirs humanitaires. Est-ce que ça a fonctionné ? Les chars russes ont fonctionné à la place, les lance-roquettes russes, les mines russes », a confirmé en fin de journée le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Au passage, ces prétendus « couloirs humanitaires » ont suscité une colère noire de l’Elysée. En détaillant son dispositif, l’armée russe a expliqué vouloir répondre à une « demande personnelle » d’Emmanuel Macron, lors d’un appel téléphonique, la veille, avec Vladimir Poutine. La présidence française a aussitôt démenti. « Tout ça n’est pas sérieux, c’est du cynisme moral et politique, qui m’est insupportable », a dénoncé un peu plus tard le chef de l’Etat sur LCI : « Je ne connais pas beaucoup d’Ukrainiens qui ont envie d’aller se réfugier en Russie, c’est une hypocrisie, c’est un artefact de communication que je réprouve. »
« Purement démoniaque »
Tandis que l’offensive déclenchée par Vladimir Poutine redouble d’intensité, la Russie a donc de nouveau recours à ce genre de subterfuges, expérimentés en Tchétchénie, lors du siège de Grozny, en Syrie et, dans une moindre mesure, en Ukraine, dans le Donbass, en 2014.
Cette fois, la création de ces « corridors humanitaires » a pourtant été agréée entre négociateurs russes et ukrainiens, lors d’un rendez-vous, jeudi 3 mars, mais elle est restée lettre morte depuis. Deux tentatives d’évacuation ont échoué à Marioupol, la cité portuaire assiégée depuis des jours, dans le sud-est du pays, sur la mer d’Azov. Une route d’évacuation était « minée », a fait savoir lundi le directeur des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Dominik Stillhart, en soulignant la difficulté à « amener les deux parties à un accord qui soit concret, exploitable et précis ».
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