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Paolo Gentiloni, commissaire à l’économie de l’UE, prône « une politique de croissance en temps de guerre »

Le commissaire européen à l’économie, Paolo Gentiloni, le 22 décembre 2021 à Bruxelles. JOHN THYS / AFP

Alors que la guerre que mène Moscou en Ukraine fait peser de nombreuses incertitudes sur l’Union européenne (UE), les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept doivent se retrouver jeudi 10 et vendredi 11 mars à Versailles. Dans un entretien au Monde, le commissaire à l’économie, Paolo Gentiloni, revient sur les défis auxquels, deux ans après l’apparition du Covid-19, la construction communautaire est désormais confrontée. L’ex-premier ministre italien juge que l’histoire européenne connaît là un nouveau « moment charnière ». Il exhorte les Européens à adopter de nouveaux « outils communs », afin de déjouer « le risque de stagflation qui est devant nous ».

A Versailles, les chefs d’Etat et de gouvernement européens évoqueront les sanctions qui ont été prises contre la Russie. Pensez-vous qu’elles ont été efficaces ?

Pour l’essentiel, les Européens ont répondu à une agression militaire avec des armes économiques et politiques. Les sanctions que nous avons prises ont déjà lourdement affaibli l’économie russe. Mais, à elles seules, elles ne permettront pas d’arrêter Poutine et sa guerre.

Faut-il aller plus loin ? Et notamment ne plus importer d’énergie russe ?

Rien n’est exclu. Mais il nous faut prendre en compte l’impact que de nouvelles sanctions pourraient avoir sur nos économies. Il nous faut aussi travailler à la mise en œuvre des sanctions déjà décidées, afin d’éviter que les oligarques visés qui ont des biens dans plusieurs pays européens y échappent.

Volodymyr Zelensky, entre autres, accuse l’UE de financer la guerre de Poutine en lui achetant du gaz et du pétrole. Que lui répondez-vous ?

Nous avons pris des sanctions fortes qui affaiblissent l’économie russe et les moyens dont Poutine dispose pour financer cette guerre. Il faut être honnête : même si nous prenions de nouvelles sanctions sur l’énergie, il n’est pas certain que cela l’arrêterait à court terme. Il y a de nombreux moyens de financer des opérations militaires, pas seulement les recettes des exportations de gaz, de pétrole et de charbon. Et cette guerre va durer, quelles que soient les sanctions économiques que nous prendrons.

Craignez-vous que le président russe aille au-delà de l’Ukraine et attaque un pays de l’UE ?

Non. L’OTAN a envoyé des messages clairs. Nous renforçons notre présence militaire au niveau de l’OTAN à toutes les frontières qui pourraient être menacées. Je ne pense pas que Poutine prendra un tel risque.

Mardi 8 mars, la Commission européenne a présenté sa stratégie pour que l’UE réduise sa dépendance à l’énergie russe de deux tiers d’ici à la fin de l’année. Cet objectif est-il crédible ?

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