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Dans le « pont ferroviaire » tchèque pour l’Ukraine en guerre

Par Jean-Baptiste Chastand

Publié aujourd’hui à 02h15

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ReportageA Bohumin, ville du nord-est de la République tchèque, un train chargé d’aide humanitaire prend chaque jour la direction de Tchop en Ukraine. Et revient le lendemain avec des centaines de réfugiés ukrainiens à bord.

Il est 21 heures ce jeudi 4 mars à Bohumin, petite ville industrielle du nord-est de la République tchèque, et un fourmillement inhabituel agite la gare. Des dizaines de bénévoles font la chaîne pour charger en vitesse un vieux train datant de l’époque soviétique de produits en tout genre : couvertures, papier toilette, eau en bouteille, couches et même des centaines de kilogrammes de nourriture pour chien et chat… « Les dons viennent de toute la République tchèque », vante Marketa, étudiante en architecture de 24 ans qui coordonne les volontaires venus notamment des églises protestantes locales.

Sur le quai 2, au même moment, arrive dans l’autre sens un train chargé de réfugiés ukrainiens en route vers Prague. Depuis début mars, l’association tchèque « Les chemins de fer aident » et la compagnie nationale Ceske drahy organisent en effet un véritable « pont ferroviaire » pour l’Ukraine.

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Chaque nuit, un train part de Bohumin pour Tchop, ville frontière ukrainienne à 500 kilomètres de là, chargé de marchandises, et revient le jour suivant avec des centaines de réfugiés à son bord, dans leur immense majorité des femmes et des enfants… Cette opération, bien qu’interrompue dimanche 6 mars en raison de problèmes douaniers en Slovaquie, pays par lequel transitent les trains, est devenue le symbole le plus fort de l’immense vague de solidarité observée depuis le début de l’attaque russe dans ce pays d’Europe centrale au passé communiste.

Dans le train dans lequel a embarqué Le Monde, se trouvent ce jeudi-là une poignée d’employés de Ceske Drahy en veste orange, quatre policiers tchèques désarmés pour contrôler les identités des réfugiés, des volontaires de la Croix-Rouge et trois bénévoles venus de Prague pour réaliser ce périple de vingt-quatre heures.

« On va essayer d’envoyer tous ces dons vers le front »

Un colis acheminé par le train pour Tchop (Ukraine). Ici, en gare de Bohumin (République tchèque), le 3 mars 2022. PHILEMON BARBIER POUR « LE MONDE » Sur un quai de la gare de Tchop (Ukraine), les volontaires ukrainiens déchargent le train venant d’arriver de Bohumin (République tchèque), le 4 mars 2022. PHILÉMON BARBIER POUR « LE MONDE »

Ivana Skalova, 50 ans, consultante pour une ONG, est russophone, elle a embarqué pour offrir ses services de traduction. « Nous les Tchèques, on n’aime pas trop les Russes. Il faut dire que nous avons expérimenté les tanks soviétiques lors du Printemps de Prague en 1968 », rappelle cette docteure en histoire. Des dizaines de milliers de Tchèques, dont leur premier ministre conservateur Petr Fiala, sont d’ailleurs descendus dans les rues de Prague pour soutenir l’Ukraine ces derniers jours. Près de 60 millions d’euros de dons ont déjà été collectés. Et même le président aux vues historiquement prorusses Milos Zeman, a reconnu s’être « trompé » sur Vladimir Poutine avec qui il entretenait jusqu’ici des relations chaleureuses.

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