Nul doute que cette conflagration au cœur de l’Europe ébranle déjà la confiance des consommateurs et des chefs d’entreprise. De même qu’il amplifiera la tendance inflationniste observée depuis la fin des confinements. L’assaut Russe fait suite à des semaines de tensions qui avaient fait grimper les prix de l’énergie. Fin janvier dernier, pour la première fois depuis 2014, le baril de pétrole (brent) avait franchi les 90 dollars, du jamais vu depuis 2014, tandis que le gaz naturel européen -prix de référence de l’électricité- battait record sur record. Les cours de l’énergie et ceux des matières premières sont les principales variables déjà sous tension à travers lesquelles la conflagration aura un impact sur l’économie mondiale.
Les trois scénarios
Trois scénarios sont envisagés par le panel de conjoncturistes internationaux de l’agence Bloomberg. Le premier s’appuie sur l’hypothèse d’une fin rapide des combats, empêchant ainsi une nouvelle spirale haussière sur les marchés des matières premières. De quoi maintenir la reprise économique américaine et européenne sur la bonne trajectoire. L’Europe en première ligne du choc économique Selon la BCE, la croissance de la zone euro sera « entravée » en 2022. Tout dépendra de la crise énergétique et des livraisons de gaz. Moins optimiste, le second intègre l’idée d’un conflit durable et d’une réponse occidentale qui aurait pour conséquence des perturbations sur les importations de pétrole et de gaz Russe. Il se traduirait par un coût énergétique plus important et donc par une inflation plus forte, ce qui pèserait sur la reprise mondiale. Le troisième scénario, fondé sur l’hypothèse d’une rupture complète de l’approvisionnement de l’Europe en gaz par la Russie, aurait des conséquences bien plus lourdes.
Les premières prévisions
Les plus pessimistes estiment que le PIB mondial pourrait être rogné d’un point en 2022, soit une hausse de 3% seulement contre les 4% anticipés avant le début de la guerre. Les plus flegmatiques, comme Oxford Economics, misent sur 0,2 point de croissance mondiale en moins. Les économistes d’Axa, eux, tablent sur une hausse de 3,6% cette année, un chiffre qui se situe dans la fourchette moyenne des estimations révisées. De l’avis général, hormis les belligérants, c’est l’Union européenne qui a le plus à perdre, compte tenu de sa dépendance au gaz russe (40% de ses importations).
Selon Philip Lane, économiste en chef de la BCE, la guerre en Ukraine pourrait avoir un impact négatif, compris entre 0,3 et 0,4 point de PIB de la zone euro en 2022, qui serait ramené à 3,7% ou 3,6%. Mais, toujours selon la BCE un simple rationnement de 10% du gaz Russe, se traduirait par une contraction du PIB de 0,7 point. Et si Moscou ferme totalement le robinet, l’impact sur la croissance de la zone euro serait de 3 points de base. « Le chiffre réel pourrait être beaucoup plus élevé, étant donné le chaos qu’une telle crise énergétique pourrait provoquer, cela signifierait une récession, et aucune hausse des taux d’intérêt de la BCE dans un avenir prévisible », conclut le consensus des économistes de Bloomberg. Sans envisager cette issue extrême, Christine Lagarde admet bien qu’il y aura une « croissance entravée ».
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