Le laboratoire français Sanofi va investir 1,5 milliard d’euros en France pour développer la technologie novatrice de l’ARN messager, a annoncé lundi le Premier ministre Jean Castex depuis le site du groupe à Neuville-sur-Saône (Rhône).
Dans cette enveloppe, 935 millions seront déboursés entre 2022 et 2026, a précisé M. Castex, en saluant « l’ambition de développer six candidats vaccins à ARN messager d’ici à 2025 », ciblés sur les maladies infectieuses et émergentes.
Rappelant le « traumatisme national qu’a été cette course aux vaccins » contre le Covid-19, dans laquelle Sanofi a été largement relégué par ses concurrents (Pfizer, Moderna…), M. Castex a posé la première pierre d’une nouvelle unité de production à Neuville-sur-Saône, dont la construction avait été annoncée par Emmanuel Macron en juin 2020.
« Avec de tels équipements, Sanofi pourra non seulement produire des vaccins en France mais en produire 3 ou 4 simultanément », a vanté M. Castex.
Au total, « ce sont 200 nouveaux emplois qui vont être crées sur le site qui viennent s’ajouter aux 130 du centre d’excellence » de Marcy-l’Etoile, également près de Lyon, a fait valoir le Premier ministre.
Sanofi avait annoncé qu’il allait investir deux milliards d’euros dans l’ARN l’an dernier, sans préciser à l’époque la répartition dans le monde.
En renforçant son ancrage en France, l’objectif est d’y créer toute la chaîne de valeur, a expliqué auprès de l’AFP Olivier Bogillot, le président France du groupe.
« L’idée est de créer un écosystème », a-t-il commenté, évoquant notamment la production de nanoparticules lipidiques, ces éléments essentiels aux vaccins à ARN, pour lesquels il n’existe aucun producteur en France à l’heure actuelle.
« Nous avons souhaité avoir une réflexion sur la souveraineté européenne. Il est important de pouvoir avoir sur le sol français et européen des capacités de production de A à Z sur l’ARN messager », a encore relevé M. Bogillot.
Car lors de la crise du Covid, « tous les Français ont vu l’état de dépendance dans lequel nous nous trouvions », a déploré M. Castex. Concernant les vaccins, il a fallu attendre deux ans de crise, pour que « deux solutions françaises soient actuellement en procédures d’autorisation à l’Agence française du médicament », dont celle de Sanofi, qui utilise une technologie plus classique que l’ARN messager.
« Nous avons pris des dispositions pour que cela ne se reproduise plus » car « c’est une épée de Damoclès pour notre indépendances médicale et notre souveraineté », a assuré M. Castex.
Un laboratoire de Sanofi à Neuville-sur-Saône en novembre 2012 (AFP/Archives – JEFF PACHOUD)
La recherche et l’innovation en matière de maladies infectieuses fait ainsi l’objet d’un investissement de 750 millions d’euros dans le cadre du plan France 2030, avec une « stratégie qui porte sur l’ensemble de la chaîne de valeur », a indiqué le Premier ministre.
Cela passe par le soutien à des programmes de recherche, le renforcement de capacités de production ou encore le développement de trois « bioclusters » en France.
Sur ce dernier point, Lyon est candidat pour accueillir l’un de ces projets, centré sur l’immuno-infectiologie, après l’ouverture du biocluster sur la cancérologie à Saclay (Essonne).
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