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Guerre en Ukraine : la Moldavie retient son souffle

Par Marie-Béatrice Baudet

Publié aujourd’hui à 05h35

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ReportageLe petit pays voisin de l’Ukraine redoute aussi une intervention russe, alors qu’une partie de son territoire est déjà contrôlée par des séparatistes prorusses.

Une femme allume un cierge dans la cathédrale de la Nativité, dans le centre ville de Chisinau, le 3 mars 2022. CHLOÉ SHARROCK / MYOP POUR « LE MONDE »

Depuis des semaines, les Moldaves se préparaient à célébrer la fête du printemps, confisquée ces deux dernières années par la pandémie. Normalement, comme le veut la tradition, le 1er mars, chacun offre à sa chacune un « martisor ». Le porte-bonheur rouge et blanc, couleurs de la passion et de la pureté, se garde précieusement pendant trente jours, puis doit être suspendu à la branche d’un arbre prêt à fleurir. Durant tout le mois, le pays multiplie les réjouissances. La guerre en Ukraine est venue briser cet élan joyeux tant espéré.

En ce début mars, il pleut sur Chisinau, la capitale de la Moldavie, petit territoire de la taille de la Belgique niché entre la Roumanie et l’Ukraine. André Nicolaï tente de s’abriter sous l’auvent de son échoppe installée sur le boulevard Stefan cel Mare, à proximité du palais présidentiel. L’homme emmitouflé dans une grosse veste beige est pasteur. Pour gagner un peu mieux sa vie, le religieux vend des « martisors » confectionnés en famille. « Le cœur n’y est pas. Les gens sont soucieux, ils achètent moins. Voyez comme les visages sont tristes.  »
Jeudi 24 février, des habitants de Chisinau ont entendu à leur réveil le bruit des bombardements russes qui frappaient Odessa, le port ukrainien sur la mer Noire, situé à 180 kilomètres.

Andrei Nicolai, 40 ans, pasteur, vend des broches à l’occasion de la fête de Martisor mais constate cette année une baisse des ventes, à Chisinau, le 3 mars 2022. CHLOÉ SHARROCK / MYOP POUR « LE MONDE »

Soutenue par le Parlement, Maia Sandu, la présidente moldave, pro-européenne, a aussitôt décrété l’état d’urgence pour les soixante jours à venir. L’aéroport est fermé et l’activité des tribunaux suspendue. Les ambassades étrangères fonctionnent en mode de crise. Déjà plus de 160 000 réfugiés ukrainiens ont franchi la frontière en train ou en voiture. Une pression énorme pour un pays parmi les plus pauvres d’Europe et dont la population ne cesse de chuter. La Moldavie compte aujourd’hui 2,6 millions d’habitants seulement. Les jeunes adultes préfèrent émigrer tant leur Etat leur semble fragile et gangrené par la corruption que Maia Sandu a juré de combattre.

Lire le portrait : Article réservé à nos abonnés Maia Sandu, le nouveau visage de la Moldavie Dans le train de 6 h 40 en direction de la Roumanie, de nombreux Ukrainiens fuient la guerre via la frontière moldave, à Chisinau, le 5 mars 2022. CHLOÉ SHARROCK / MYOP POUR « LE MONDE »

La Transnistrie, un cheval de Troie russe

Ancienne république de l’Union soviétique, la Moldavie a acquis son indépendance en 1991, à l’effondrement de l’URSS. Mais dès mars 1992, une guerre civile éclate. L’adoption du roumain comme langue officielle et la perte d’influence des russophones au sein des institutions gouvernementales attisent la colère de la région la plus à l’est du territoire, la Transnistrie, sous influence du Kremlin.

Pendant quatre mois, le conflit armé va opposer, sur les rives du Dniestr, l’armée moldave aux forces séparatistes soutenues par les soldats russes de la 14e armée. L’affrontement provoquera des milliers de morts. Le cessez-le-feu signé en juillet 1992 ampute la Moldavie d’une partie de son territoire. La Transnistrie s’autoproclame alors « République moldave du Dniestr » et la ville de Tiraspol en devient la capitale.

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